De loin, on peut penser que les relations entre Apple et le FBI sont exécrables. Et il est vrai que des déclarations récentes de plusieurs grands pontes du Bureau ont laissé cette impression (lire : FBI : Apple, ce « génie du mal » plein de « gens détestables »). Mais ça, c'est le discours en haut lieu. Sur le terrain, les choses sont normalisées et mieux encore (pour le FBI), Apple n'hésite pas à mettre la main à la pâte pour donner un coup de main.
John Bennett, le patron de la division californienne du FBI, est en contact continu avec Apple. Il était une des figures les plus importantes pendant l'enquête sur l'attentat de San Bernardino, début 2016. Installé à San Francisco, il est aujourd'hui l'interlocuteur et la cheville ouvrière entre la Silicon Valley et les troupes de Quantico (Virginie), là où le FBI tente de faire cracher leur Valda aux appareils électroniques en tout genre.
Bennett a évoqué pour Forbes la teneur de la relation que lui et ses troupes entretiennent avec Apple. On apprend que le constructeur assure des formations (gratuites) aux experts enquêteurs. « On programme quelque chose, [Apple] vient dans nos bâtiments et nous amenons des gens de tout le pays pour travailler avec eux ». Ces formations sont offertes aux fins limiers du FBI, mais aussi à toutes les forces de police qui en auraient besoin.
Apple forme aussi des policiers locaux et régionaux qui, parfois, ne sont pas des spécialistes aguerris de la chose informatique. Il y a eu par exemple ce service qui a tout simplement imprimé 15 000 pages d'un fichier envoyé par Apple, alors que ce document aurait dû être traité numériquement… Le programme de formation comprend les derniers changements apportés à iOS et macOS qui peuvent avoir un impact sur des enquêtes, ou encore des informations sur les processus à mettre en œuvre pour obtenir des données stockées sur iCloud, sur un Mac ou un iPhone.
« Nous avons de très bonnes relations avec eux [Apple], d'une perspective locale et aussi sur les produits. Et aussi pour savoir ce qu'ils font d'un point de vue ingénierie », explique John Bennett. La relation ne va d'ailleurs pas que dans un seul sens. « Nous avons des rendez-vous avec Apple, et ce n'est pas qu'une grande entreprise, ce sont aussi des victimes ». Il n'est pas rare que des employés du groupe appellent les antennes locales du FBI quand ils en ont besoin.
Ces bonnes relations ne signifient pas pour autant que tout va pour le mieux entre Apple et le FBI. L'an dernier, les enquêteurs avaient demandé l'aide du constructeur dans le cadre d'une tuerie au Texas… mais trop tard. « Beaucoup de gens ont fait beaucoup de bruit en disant que tout le monde était en guerre contre tout le monde… », indique Bennett pour décrire l'ambiance après San Bernardino.
« Nous avons beaucoup de respect pour Apple », corrige-t-il, même s'il apprécie modérément l'investissement du constructeur dans le renforcement des mesures de sécurité et de protection de la confidentialité. Il comprend toutefois l'approche de Cupertino. En bout de course, tout est question d'équilibre entre la sécurité et la vie privée. « Nous ne sommes pas ici pour dire que l'une est meilleure que l'autre ».