« Il y a eu des problèmes extraordinairement complexes à résoudre » sur l'iPhone X, déclare Jony Ive dans une interview au long cours pour Time. Le designer en chef d'Apple n'est pas avare de sa parole ces derniers temps, après une intervention remarquée dans le magazine Wallpaper (lire : Jony Ive : l'iPhone X va changer et évoluer dans les douze prochains mois).
Parmi ces problèmes, il y a eu la question épineuse du retrait du bouton d'accueil, un élément constitutif du design de l'iPhone depuis 2007. « Je pense en fait que s'accrocher à tout prix à des fonctions qui ont été efficaces mène à l'échec. Et à court terme, c'est ce chemin qui paraît le moins risqué, celui où on se sent le plus en sécurité ». Mais sur le long terme, on y perd : Apple a cette volonté d'accepter que ce qui est familier n'est pas toujours ce qui est le mieux.
Il faut donc avoir la foi, parfois celle du charbonnier, pour faire accepter un changement. « Faire attention à ce qui est arrivé par le passé vous aide à avoir confiance dans le fait que vous allez trouver une solution », poursuit Ive. « La foi ne remplace pas la compétence en ingénierie, mais cela peut certainement aider à alimenter la conviction que vous allez trouver une solution. Et c'est important ».
Le remplacement du bouton d'accueil par de nouveaux gestes n'est pas chose aisée pour les utilisateurs. Des testeurs ont pu se plaindre vertement que l'iPhone X obligeait à revoir la manière de manipuler le smartphone. Le designer en a bien conscience, il s'en amuse presque : « quand vous croyez qu'il existe une meilleure solution, ce n'est pas forcément la position la plus confortable ». En particulier quand cela signifie remplacer quelque chose qui a connu un si grand succès.
Dans son travail, Jony Ive se concentre non seulement sur les choses immédiatement visibles par l'utilisateur (comme Face ID), mais aussi sur les choses qui ne le sont pas. L'utilisateur est au courant de ces choses invisibles, mais « inconsciemment ». Un exemple de chose que l'on sait inconsciemment : « la manière dont l'écran de l'iPhone X s'intègre dans le châssis en verre et en acier inoxydable ».
Plus terre à terre, le designer défend aussi le prix de l'appareil. « Comme vous pouvez vous y attendre, il y a des conséquences financières dans l'intégration de cette énorme puissance de calcul dans un si petit appareil ». Dan Riccio, le vice-président de l'ingénierie matérielle qui a deux phrases dans cet article, rebondit sur cette question sensible : « notre objectif a toujours été de proposer ce que nous pensons être le meilleur produit possible, pas toujours au prix le plus bas ».
En ce qui concerne l'avenir, les deux dirigeants ne diront rien de spécifique évidemment, si ce n'est qu'Apple a une « vision claire » de ce qui s'en vient. « D'une certaine manière, c'est la fin d'un chapitre », conclut Ive.