Tizen, la plateforme développée par Samsung pour son électroménager connecté, ses smartwatchs et quelques smartphones, est une passoire en termes de sécurité. Le chercheur Amihai Neiderman ne mâche pas ses mots : le système d’exploitation présente « le plus mauvais code » qu’il ait jamais vu : il a trouvé 40 failles « zero day ». Un exemple de ce qu’il ne faut pas faire, selon lui : « Vous pouvez voir que personne n’ayant une compréhension de la sécurité n’a vérifié ce code ou l’a écrit. C’est comme laisser un étudiant programmer le logiciel », décrit-il à Motherboard.
Tizen a une histoire un peu compliquée ; à l’origine, il s’agit d’un projet commun entre Intel et Nokia dans lequel Samsung a injecté Bada en 2013. Ce ne sont pas spécialement les différentes couches « historiques » qui composent le code de Tizen qui posent problème, mais du code programmé ces deux dernières années — donc entièrement imputable à Samsung.
Toutes les failles découvertes par Neiderman permettent à un malandrin de prendre le contrôle d’un appareil Tizen, mais une en particulier est vraiment critique. Elle est présente dans le TizenStore, une application particulièrement importante puisque c’est la porte d’entrée de la boutique Tizen… Le chercheur en sécurité a exploité cette faille afin d’injecter un logiciel malveillant dans sa télé Samsung, avant que le processus d’authentification de l’app ne s’active.
Beaucoup de développeurs se sont résolus à exploiter des fonctions alternatives à celles utilisées par le constructeur, pour éviter à leurs applications de présenter des vulnérabilités. Il n’empêche : Samsung doit prendre le taureau par les cornes, et rapidement car on n’est jamais à l’abri d’une catastrophe.
Si cette plateforme a vécu sous le radar des pirates jusqu’à présent, c’est qu’elle n’est pas spécialement populaire, même si elle équipe 30 millions de Smart TV et pas loin de 10 millions de smartphones, sans oublier toutes les montres connectées de Samsung ni les frigos et les machines à laver « intelligents » que le constructeur compte commercialiser cette année.
Amihai Neiderman a pris contact avec Samsung il y a plusieurs mois, et il n’a reçu en retour qu’une réponse automatique. Après la parution de l’article, le constructeur a daigné approfondir sa réflexion en se déclarant prêt à coopérer avec le chercheur pour réduire les vulnérabilités. Tizen est souvent présenté comme l’alternative à Android que Samsung entend pousser de plus en plus fort, mais utiliser ce système d’exploitation en forme de trous de gruyère n’est recommandé à personne, du moins pour le moment.