Les applications de benchmarks ne mesurent que les performances brutes. Elles ne sont guère représentatives des performances des smartphones dans la vie de tous les jours mais néanmoins, elles permettent de comparer les processeurs les uns avec les autres. C’est même devenu un argument commercial pour beaucoup de constructeurs qui cherchent à se distinguer du tout-venant.
En 2013, Samsung était pris la main dans le pot de confiture à tripatouiller les fréquences de la puce du Galaxy S4 histoire de mieux paraitre dans les classements de performances. Depuis, ce genre d’affaire a disparu, les constructeurs préférant jouer cartes sur table. Il est vrai aussi que les performances des processeurs sont telles aujourd’hui qu’elles sont en mesure de faire tourner efficacement toutes les applications.
Néanmoins, deux nouveaux cas repérés par XDA sont apparus sur les radars. Des constructeurs chinois, OnePlus et Meizu, se sont laissé aller à bidouiller les puces de deux de leurs smartphones, respectivement le OnePlus 3/3T et le Pro 6 Plus, pour que ces appareils se présentent sous leur meilleur jour.
Dans le premier cas, celui du OnePlus 3/3T, OxygenOS (la surcouche Android du constructeur) active les fréquences élevées des cœurs les plus performants de son Snapdragon 821 quand ce dernier repère l’usage d’applications comme Geekbench, AnTuTu, Androbench, Quadrant, Vellamo, et GFXBench. Au ralenti, c’est à dire pour la majorité des apps, la fréquence du OnePlus 3T stagne à 0,31 GHz, plutôt qu’1,29 GHz pour les cœurs les plus puissants, et de 0,98 GHz pour les « petits » cœurs. Des fréquences élevées que l’on retrouve dans les benchs de Geekbench.
À la demande de XDA, PrimeLabs a développé une version « spéciale » de Geekbench 4, qui feinte les bidouilles apportées par les constructeurs à leurs processeurs pour tromper les logiciels de benchmarks.
Du côté de Meizu, on a adopté une attitude assez conservatrice au moment de relâcher la puissance de ses processeurs. Les quatre « gros » cœurs, ceux qui sont censés mouliner plus vite, s’activent rarement sur les produits du constructeur, y compris dans le mode « Performance ». La dernière mise à jour de Flyme OS — la surcouche Android de Meizu — pour le Pro 6 Plus a ouvert les vannes et effectivement, le bouchon qui empêchait le smartphone de se présenter sous son meilleur jour a sauté.
Mais si les performances de l’appareil ont sérieusement augmenté dans les outils de benchmarks, il s’agirait là aussi d’une habile manipulation : la patate de l’Exynos 8890 ne s’active que pendant l’utilisation de certaines applications — notamment celles qui mesurent les performances brutes.
Placé devant les faits, OnePlus fait amende honorable et promet qu’il va rapidement arrêter de cibler les applications de benchmarks (les jeux continueront de bénéficier du boost de la fréquence d’horloge, ce qui a du sens). Une mise à jour à venir d’OxygenOS va empêcher le mécanisme tricheur de s’activer. Meizu n’a pas encore répondu.