Après la présentation matinale de la Nintendo Switch, place au jeu ! Nous avons pu essayer la nouvelle console japonaise et ses premiers jeux lors d’un événement organisé au Grand Palais à Paris.
Évacuons tout de suite la déception de l’absence de Super Mario Odyssey. L’étonnant jeu de plateforme n’était pas jouable, une absence justifiée par le fait qu’il ne sortira qu’à la fin de l’année, même si on n’aurait pas été contre une petite démo pour voir évoluer Mario dans un monde ouvert réaliste.
The Legend of Zelda : Breath of the Wild
The Legend of Zelda : Breath of the Wild, était, lui, logiquement présent. Logiquement, car ce sera le titre phare disponible dès le lancement de la console le 3 mars (il sera aussi disponible sur Wii U).
Attendu de longue date, ce Zelda embrasse lui aussi une approche open world où la liberté d’action règne. Le radar permet d’emmener un Link réveillé d’un sommeil de cent ans directement au prochain objectif, mais on est immédiatement tenté d’explorer un monde dont l’étendue est encore inconnue.
Une exploration encouragée par des mécaniques de chasse, de cueillette et de cuisine qui permettent de retrouver de l’énergie et de se réchauffer alors que la température du corps a un impact sur l’endurance.
L’environnement ouvert donne aussi la possibilité d’aborder les combats comme on l’entend : soit en fonçant tête baissée sur les ennemis ; soit en les prenant à revers ; ou encore en exploitant des éléments du décor judicieusement placés.
Nos deux sessions de 20 minutes chacune ont confirmé cette liberté d'action, mais il faudra voir si cela tient sur la durée. Ces deux sessions ont également permis de comparer le jeu sur téléviseur et sur tablette.
Dans le premier cas, Breath of the Wild souffrait d’un aliasing notable. La définition de 900p au lieu des traditionnels 1080p ne jouait pas non plus en faveur de la qualité de l'image. À sa décharge, nous avions le nez presque collé à une très grande TV. Au fond d’un canapé, ces imperfections sont sans doute moins visibles. En revanche, même à une distance acceptable on remarquera les ralentissements épisodiques.
Le processeur Nvidia Tegra semblait s’en tirer mieux en utilisation sur tablette, où la définition baisse d’un cran pour passer à du 720p (1 280 x 780 pixels). On n’a donc pas un rendu Retina comme sur les iPad récents, mais il n’y a pas non plus un gouffre entre les deux. Le rendu est assez net pour que les pixels ne sautent pas aux yeux. Le 720p est sans nul doute un compromis pour avoir des jeux fluides et une autonomie pas trop ridicule (de 2 h 30 à 6 h 30, 3 h dans le cas de Zelda, selon Nintendo).
Techniquement, donc, les défauts vus sur TV étaient inexistants, ou en tout cas moins criants, avec la Switch entre les mains. La diagonale de 6,2“ identique à celle du GamePad de la Wii U (l’iPad mini fait 7,9”) était suffisante pour bien apprécier les graphismes du jeu.
Les Joy-Con situés de part et d’autre de l’écran étaient quant à eux corrects pour ces sessions courtes. Toutefois, on se voit plus passer des dizaines d’heures sur Zelda avec le Pad Pro (vendu séparément 69,99 $) qu’avec le couple de contrôleurs. Les boutons de ces derniers sont notamment plus petits et plus rapprochés.
Les autres jeux
Nous avons également joué à Arms, l’une des (rares) nouvelles licences de la Switch. Disponible au printemps, ce jeu est en quelque sorte le successeur du Wii Boxing de la Wii : il s’agit d’un jeu de boxe qui exploite à fond les Joy-Con. On incline les contrôleurs pour esquiver ou sauter et on fait des gestes du poignet pour faire varier la trajectoire des bras bioniques des combattants hauts en couleur.
C’est rigolo en multi, toutefois on a un doute sur la profondeur du gameplay, même si plusieurs types de gants et des caractéristiques propres à chaque personnage devraient faire varier les plaisirs et les stratégies.
Plus classique, Mario Kart 8 Deluxe était la valeur sûre du jour. Que ce soit sur TV ou sur tablette, le jeu de kart était toujours aussi efficace. Très joli, fluide et fun comme n’importe quel Mario Kart, il promet de bonnes rigolades entre amis (jusqu’à huit en multi local). Par contre, si vous avez déjà Mario Kart 8 sur Wii U, les 60 € sont chers payé pour le même jeu avec du contenu supplémentaire, à moins que vous ne prévoyiez d’y jouer majoritairement en mobilité.
Autre valeur sûre en multi, Splatoon 2. La maniabilité en mode tablette qui demande d’orienter manuellement l’appareil pour contrôler la caméra n’était pas franchement évidente. L’utilisation du Pad Pro (qui a aussi un gyroscope) était plus confortable pour ce jeu compétitif où l’on affronte une équipe à grand coup de canon et rouleau à peinture.
1–2 Switch est quant à lui une compilation de mini-jeux permettant de s’amuser rapidement à deux avec chacun un Joy-Con dans la main. L’écran de la console devient même accessoire, il suffit d’écouter les instructions pour jouer.
Parmi les six mini-jeux, il y a Samurai Training, un jeu de réflexe où l’un des joueurs doit parer le coup de katana de l’autre en fermant les mains au bon moment. Copy Dance est un Just Dance sans danseur professionnel : le deuxième joueur doit se trémousser de la même façon que le premier. Dans Ball Count, les Joy-Con tiennent lieu de petites boîtes et il faut deviner combien de billes sont à l’intérieur grâce aux vibrations des contrôleurs qu’on agite doucement. Ball Count permet de se rendre compte de la précision des vibrations qui est assez bluffante, mais ça s’arrête là.
À la fois démo technique et jeu multi très accessible, 1–2 Switch est en cela le digne héritier de Wii Sport. Il aurait dû à ce titre être fourni avec la Switch. Les jeux, quand ils ne servent pas de démo technique, sont amusants, mais on a très vite fait le tour. En bref, ça ne vaut pas 49 €. Plus abordable (19,99 €) et aussi divertissant, Snipperclips demande de résoudre des énigmes à deux en découpant des bouts de papier.
Les autres jeux présents n’étaient pas foncièrement inintéressants, mais il s’agissait de remakes ou déclinaisons de licences connues (Sonic Mania, Just Dance 2017, Super Bomberman R, Ultra Street Fighter 2, Skylanders Imaginators…) pas tous exclusifs et surtout pas aussi influents que les stars de Nintendo.
Pour conclure provisoirement
Cette première rencontre avec la Switch nous a laissés dubitatifs. Il y a beaucoup de façons de jouer (qui ne sont pas forcément adaptées avec tous les jeux), peut-être trop : TV avec Joy-Con ou Pad Pro, tablette en main, tablette à distance avec Joy-Con en couple ou partagés dans le cas du multi. C’est comme si la Wii et la Wii U avaient fusionné et qu’en plus le GamePad était devenu autonome. C’est un peu alambiqué.
Le line up de lancement est par ailleurs assez pauvre. Mis à part un Zelda : Breath of the Wild qui s’annonce très riche à défaut d’être au point techniquement, il n’y a pas grand-chose d’inédit à se mettre sous la dent avant Super Mario Odyssey a priori. La faute à un soutien disons très prudent des éditeurs tiers.
Espérons pour la Switch que Nintendo et les autres éditeurs en aient gardé sous le coude pour l’E3, car à 329,99 € sans jeu, la Switch est plus chère que la PS4 et Xbox One à la ludothèque autrement plus garnie.
Certes, la Switch permet de jouer à Zelda ou Mario Kart en mobilité sur un écran plus grand que celui de la 3DS, et c'est très plaisant. Mais est-ce suffisant pour convaincre au-delà de la sphère des fans de Nintendo ?
À ce propos, Nintendo n’a rien dit des éventuelles fonctions multimédias de sa console. Pourra-t-elle remplacer en partie un iPad grâce à des applications comme YouTube, Facebook ou un navigateur web ? Mystère complet pour le moment. L’écran tactile n’était d’ailleurs exploité dans aucun des jeux présentés aujourd’hui.