C’est lundi prochain que les créateurs de Siri, Dag Kittlaus et Adam Cheyer, dévoileront enfin au monde Viv, leur nouvelle créature. En développement depuis quelques années (lire : Viv : Siri 2.0), cette intelligence artificielle est très prometteuse. « Il s’agit de la façon dont les humains interagissent naturellement entre eux depuis des milliers d’années, et de l’appliquer pour interagir avec des services », tente d’expliquer Kittlaus, directeur général de Viv, au Washington Post. « Tout le monde sait tenir une conversation ».
Ce qui distingue Viv de la concurrence, qu’il s’agisse de Siri, d’Alexa (Amazon) ou de Google Now, c’est sa volonté de reproduire autant que possible la spontanéité et les connaissances d’un assistant humain. En piochant dans la base de données d’une billetterie de cinéma, Viv peut « comprendre » les multiples manières qu’ont les clients de demander un ticket ; il peut aussi proposer un autre film s’il n’y a plus de places pour celui désiré. En allant plus loin, Viv peut aussi comparer les prix puis acheter le ticket le plus abordable, puis réserver dans un restaurant. Et si l’utilisateur change d’idée, l’assistant est à même d’annuler toutes les réservations.
« Personne n’est capable de dire : "Je veux un ticket pour tel film, et une bouteille de vin, et aussi des fleurs", tout cela dans le même souffle », explique Matt Maloney le directeur général de Grubhub, qui a signé avec Viv il y a deux ans. Il a été impressionné par la capacité de Viv d’exploiter les informations provenant de plusieurs services, sans avoir à activer lesdits services.
Par bien des aspects, Viv est ce que Siri aurait dû devenir si Steve Jobs avait laissé les créateurs de l’assistant aller au bout de leur idée. Lorsque Siri a été lancé sous forme d’application tierce, il pouvait chercher des informations auprès d’une quarantaine de services web, de Yelp à Google Maps, en passant par OpenTable et StubHub. Après l’acquisition par Apple, tous ces partenariats sont tombés à l’eau. « Steve avait quelques idées sur la première version, qui n’étaient pas nécessairement alignées avec les choses que nous voulions faire », explique Kittlaus.
« Un système ouvert », voici ce qu’est Viv et que n’est pas Siri, poursuit un investisseur de la start-up. Uber fait partie de l’aventure, tout comme le service de commande de fleurs FTD ; Viv est aussi compatible avec le système domotique Ivee, l’assistant est partenaire de SeatGuru et Zocdoc. Des constructeurs automobiles, des médias, des fabricants de téléviseurs ont été approchés, l’idée étant de connecter tout ce petit monde au sein d’une « conversation ininterrompue ». Toutes ces données sont censées donner à Viv son « intelligence » — ou le reflet d’une certaine intelligence.
Tout cela est bien alléchant et on verra sur pièce lundi ce qu’il en sera. Mais le plus grand obstacle sur le chemin de Viv reste la distribution du service au plus grand nombre. Avec Siri, Kittlaus and Cheyer ont trouvé la solution : revendre à Apple… avec les compromis boiteux que l’opération a impliqué. Viv connaitra-t-il le même sort ? Ou ira-t-il seul à la bataille contre Apple, Google et Amazon ?