La licorne Deezer n’a pas encore de corne. Le service de streaming devait entrer en Bourse cette semaine avec l’objectif d’une valorisation pouvant aller jusqu’à 1,1 milliard d’euros, seuil au delà duquel la société serait devenue une « licorne » (en France, Criteo fait partie de ce club très fermé). La société devait proposer 30% de son capital aux boursicoteurs de la place de Paris, ce qui aurait représenté 300 millions d’euros au prix d’introduction le plus bas.
Hélas, l’entreprise a décidé de repousser cette introduction. « C’est mieux pour nous d’attendre un peu », a expliqué Didier Bench le président du conseil d’administration de Deezer au Wall Street Journal. Il ne s’engage pas sur la date d’une nouvelle tentative, mais il se veut rassurant : « Nous avons de l’argent et nous continuons à croître », assure-t-il.
Si le chiffre d’affaires de Deezer a progressé de 41% au premier semestre avec 93 millions d’euros, le compte en banque de l’entreprise est toujours dans le rouge à 9 millions d’euros. Deezer compte 6,3 millions d’abonnés (moins qu’Apple Music), dont 1,5 million en direct et 4,8 millions provenant des accords avec les opérateurs.
Deezer invoque des « conditions de marché » qui forcent la société à suspendre son introduction en Bourse. Les actions de Netflix ont piqué du nez de 10% après la présentation de résultats jugés décevants par le marché, et la cotation de Pandora a plongé de 36% (!) après avoir annoncé la perte d’1,3 million d’auditeurs actifs mensuels — l’ombre d’Apple Music est passé par là, même si Pandora a déclaré que l’impact du service de streaming d’Apple avait été « silencieux ». Quoi qu’il en soit, ce n’est pas la fête pour les entreprises dont le modèle économique est basé sur l’abonnement.