Impossible de la rater : ces derniers jours, la campagne d’affichage de Wiko est sur toutes les colonnes Morris et les abribus, avec un message choc. « Wiko, la 2e marque de mobiles la plus vendue est française », un slogan qui parle en ces temps de patriotisme économique. Mais si la marque est bien française, bien peu en réalité provient de l’Hexagone, le « Game changer » étant le faux nez d’un constructeur de smartphones chinois, Shenzhen Tinno Mobile Technology, dit Tinno.
Cette entreprise, fondée en 2005 et basée à Shenzhen, a mis en place un véritable réseau de marques en Europe et dans le monde. En Allemagne, c’est Mobistel qui distribue les smartphones produits par Tinno ; en Italie, c’est NGM, Fly en Russie, Evertek en Tunisie, Intex et Micromax en Inde (qui sont aussi des fabricants de smartphones Android One)…
Wiko, créé en 2011 à Marseille (les locaux sont dans le 7e arrondissement), est une filiale à 95% de Tinno. Le fonctionnement de l'entreprise est simple : Wiko choisit sur catalogue les smartphones désirés, demande des adaptations spécifiques pour le marché français, et d'après ce cahier des charges, le constructeur va produire les quantités demandées. Cette stratégie, couplée à un marketing malin et des prix ras du plancher, a permis à Wiko de capter 17% du marché français et de se positionner dans le top 3, derrière Samsung mais devant Apple comme le rapporte le Huffington Post.
Faut-il pour autant s’en émouvoir ? Pas vraiment. Tous les smartphones de tous les constructeurs sont évidemment assemblés en Asie, même si le travail de design et de conception en amont est sans commune mesure chez Apple et Samsung, qui investissent énormément en R&D — dans le cas des deux leaders du marché, les assembleurs chinois à la Foxconn sont des fournisseurs. La vraie plus-value de Wiko, c’est de savoir « sentir » le marché français grâce aux retours des clients, et proposer des terminaux d’un bon niveau qualité/prix. Le Highway Pure, haut de gamme du distributeur, est commercialisé à partir de 280 € sur Amazon ; le Sunset 2 d’entrée de gamme coûte 59 € seulement.
Après s'être contenté de jouer sur les composants, Wiko nourrit maintenant l'ambition d'apporter des améliorations dans le logiciel, avec des applications spécifiques et une surcouche Android personnalisée… alors que les grands constructeurs se rapprochent toujours plus d'une expérience « stock » d'Android (lire : Sony accorde l'interface de ses smartphones avec Android). Wiko a déjà du pain sur la planche pour améliorer la localisation en français de l’interface de ses produits, très perfectible :
Mise à jour — Nous avons reçu quelques précisions concernant le mode de fonctionnement de Wiko : l’entreprise été fondée en 2011 par Laurent Dahan qui en détenait 100% des parts, avant que Tinno les rachète l’année suivante. L’idée était effectivement d’adapter les smartphones du constructeur aux goûts et habitudes du marché français, mais aussi européen : les représentants de Tinno sur le vieux continent se fournissent en partie chez Wiko, mais aussi chez d’autres constructeurs. De fait, seul Wiko est une filiale de Tinno.