Nous ne sommes pas à la veille de voir apparaître de nouvelles Glass chez Google. En janvier, le projet est passé des mains de Google X, le labo de recherche et développement du moteur de recherche, à celles de Tony Fadell de Nest (lire : Tony Fadell chausse les Google Glass). Et le « père » de l'iPod n'a pas l'intention de précipiter la nouvelle génération de lunettes intelligentes. Au contraire de Sergey Brin, cofondateur de Google et patron de Google X, Fadell est un « homme de produit », qui ne lance une nouveauté que quand elle est fin prête.
Cette philosophie est tout le contraire de celle de Google, qui a fait du lancement de versions beta de produits et de services une stratégie commerciale. Même si le gadget ne ressemblait à rien et qu'il ne savait pas faire grand chose, Google a tout de même ouvert les vannes du programme Glass Explorer en 2012. Le New York Times soulève aujourd'hui un coin du voile sur le fonctionnement du labo de Google (lire aussi : Les idées dingues des savants fous de Google X).
Lors du développement de Glass, l'équipe d'ingénieurs de Google X s'est partagée en deux factions : la première estimait que Glass devait être porté (et donc portable) toute la journée comme une paire de lunettes classique, l'autre au contraire pensait que Glass devait se contenter de n'être qu'un outil ne devant servir qu'à des moments ponctuels, au bureau par exemple. Tout le monde s'accordait par contre à dire que Glass n'était qu'un prototype qui souffrait de nombreux problèmes.
Qu'à cela ne tienne : même s'il ne s'agissait que d'un produit loin d'être finalisé, Sergey Brin a décidé de le proposer aux consommateurs, du moins ceux qui avaient les moyens de s'offrir le gadget (il coûtait 1 500$). Pourtant, « l'équipe derrière Google X savait que le produit n'était pas prêt pour un lancement », explique un ancien employé. C'était techniquement le cas, mais également du point de vue social : la possibilité d'enregistrer une vidéo en douce depuis les lunettes a provoqué des réactions épidermiques dans des lieux publics, dans des bars, au cinéma, etc. Sans oublier les fameux « Glassholes », un terme très péjoratif désignant les porteurs de l'appareil.
Comme à Hollywood, Glass a donc droit à un reboot. Le projet est désormais supervisé par Tony Fadell et Ivy Ross, créatrice de bijoux en charge de la division lunettes connectées chez Google. Ils veulent repartir de zéro et ne lanceront rien qui ne soit pas complètement terminé. « Il n'y aura pas d'expérimentation publique », insiste un des conseillers de Fadell.