Comme HP avant lui, LG ne sauvera sans doute pas webOS. Le constructeur coréen a lancé en janvier une ligne de smart TV équipés du système d'exploitation du défunt Palm. L'excellent accueil critique s'est transformé en succès public lorsqu'en juin, trois mois après la commercialisation des premiers modèles, LG faisait savoir qu'un million d'unités avaient été achetées. Oui mais voilà : la culture de l'entreprise est en train de faire couler l'initiative par le fond. GigaOM revient sur le sujet dans un long article étayé de déclarations des ingénieurs « rachetés » par LG en février 2013 (lire : Où va LG avec webOS ?). Et la situation n'est guère brillante.
Malgré les promesses assurant la division LG Silicon Valley Lab (l'unité webOS basée du côté de San Francisco) d'une grande liberté pour développer le logiciel de ses téléviseurs, LG n'a eu de cesse que de pousser les ingénieurs à alourdir le système d'exploitation. La raison est simple : les cadres coréens en charge de superviser la conception de logiciels pour les téléviseurs de la marque sont récompensés à chaque ajout d'une fonctionnalité proposée. Cela explique par exemple la présence de deux boutiques d'applications dans les smart TV « traditionnels » de LG, générant une certaine confusion dans l'esprit des clients.
Si la présentation de webOS durant le CES a ravi les visiteurs du salon, c'est précisément grâce à la simplicité du système d'exploitation. Mais l'équipe en charge du développement a dû tenir tête longtemps aux demandes de la direction de LG. Celle-ci avait en tête une interface très différente, basée sur une dizaine de « cartes » dont l'envers, à scroller à la verticale, dévoilerait les applications et programmes disponibles. La bataille rangée entre les ingénieurs « maison » et la division webOS a duré longtemps, jusqu'à ce que l'entreprise s'aperçoive qu'elle n'aurait rien à présenter durant le salon si les bisbilles se poursuivaient. « On a été chanceux », se félicite un membre de l'équipe webOS. Et la réaction des journalistes lors du CES a validé l'acharnement des concepteurs de l'OS à imposer leur vision face à celle de la maison-mère.
Malheureusement, l'épisode a laissé des traces. 18 mois après l'acquisition, le tiers de l'équipe webOS a quitté le navire LG (dont quelques cadres importants), et d'autres départs sont prévus dans les semaines à venir. Le centre décisionnel pour la famille de smart TV webOS s'est déplacé en Corée, et il faut craindre que la vision originale d'un logiciel simple et élégant pour les téléviseurs de la marque n'y survive pas. En bout de course, la greffe webOS a échoué, se désole un ancien de l'équipe, qui regrette de n'avoir pas su « changer LG ».