Malgré les protestations de Bruxelles, le Parlement a définitivement adopté la loi « anti-Amazon », par un vote à l’unanimité au Sénat. Le texte, qui amende la loi Lang sur le prix unique du livre, interdit le cumul de la remise de 5 % et de la gratuité des frais de port.
Déposé par des députés UMP, le projet de loi « anti-Amazon » avait recueilli l’assentiment de l’ensemble des parlementaires de droite et de gauche, inquiets des conséquences du « dumping » d’Amazon sur les libraires français. Avec plus de 3 000 librairies, dont un cinquième sont indépendantes, la France dispose en effet d’un des réseaux les plus denses du monde.
Un réseau qui souffre de la baisse des ventes (-2 à -3 % en valeur entre 2010 et 2012) et doit multiplier les mesures d’économie. Alors que les librairies de quartier réduisent leurs stocks, Amazon propose près d’un demi-million de références en français, avec livraison rapide et gratuite. Naturellement, les ventes en ligne se multiplient, jusqu’à représenter 17 % du total — mais toutes celles qui sont réalisées chez Amazon sont déclarées, et donc imposées, au Luxembourg.
Cette nouvelle disposition légale n’encouragera malheureusement pas les libraires à poursuivre (ou ne serait-ce qu’entamer) la réflexion sur la nécessaire mutation de leur modèle économique, de leurs pratiques et de leurs services. Pire, elle concernera au premier chef un acteur français : la Fnac, dont l’entrée sur le marché de la librairie avait d’ailleurs motivé la création du prix unique du livre.
Amazon pourra en effet se réfugier derrière son service de livraison Premium (qui est bien payant), et sinon ne facturer la livraison qu’un centime symbolique. La Fnac a certes adopté une tactique similaire de contournement, elle qui a récemment lancé son service Fnac Express+, mais elle n’a pas la même capacité à soutenir une activité de livraison largement déficitaire.