« Afin de réduire encore davantage son impact sur la planète », Apple abandonne le cuir au profit du tissu FineWoven, composé à 68 % de matériaux recyclés post-consommation. Une affirmation qui a fait bondir les amateurs de fauteuils Chesterfield derchement patinés, qui veulent bien admettre que le cuir est la peau tannée d’un animal qui n’a pas toujours été abattu dans les meilleures conditions, mais refusent de croire qu’il soit plus polluant qu’un vulgaire bout de plastique. Comme souvent lorsque l’on parle d’environnement, les choses sont plus complexes qu’il n’y parait.
La méthodologie de la Confédération des associations nationales de tanneurs et mégissiers de la Communauté européenne, validée par la direction générale de l’environnement de la Commission européenne, établit l’empreinte carbone du cuir bovin1 pleine fleur à 2,7-5,4 kg de CO₂eq/m². Pour parvenir à ce chiffre, l’industrie exclut explicitement les émissions dues à l’élevage, en argüant que « le cuir est un sous-produit de l’industrie de la viande ».
Il serait plus exact de dire qu’il s’agit d’un coproduit de la viande et du lait : les veaux sont tout autant indispensables pour déclencher la production de lait, les vaches de « réforme » qui ne sont plus fécondes ou productives représentant plus de la moitié de la consommation de viande bovine, que pour alimenter l’industrie du cuir. La rentabilité des abattoirs est fortement liée au niveau de la demande en peaux, matière première d’un marché des produits en cuir pesant 228 milliards d’euros.