Quelques heures après avoir été séparé de son propriétaire, un AirTag piaille toutes les vingt minutes pour se plaindre d’être déplacé. Cette mesure peut certes trahir la présence d’une balise dans un objet volé, mais elle peut aussi révéler sa présence dans un sac à main. Ce qui explique que l’on voit déjà s’organiser un trafic d’AirTags sans hautparleur.
Armé d’un spudger et d’un sèche-cheveux, vous n’aurez aucune difficulté à démonter vos AirTags pour retirer le petit aimant du hautparleur, dont la membrane est formée par le capot en plastique blanc. Les tutoriels se multiplient ces derniers mois, et quelques boutiques de mouchards prêts à l’emploi sont apparues sur les places de marché.
C’est d’ailleurs Etsy qui a révélé le pot aux roses dans une publicité maladroite sur Twitter. Dans une déclaration à PCMag, le vendeur JTEE3D assure que « le but de cette modification était de répondre aux demandes des clients qui voulaient installer un AirTag sur leur vélo, leur animal de compagnie, ou leurs outils électriques. »
Face à la réaction acerbe de la directrice de la cybersécurité de l’EFF, Eva Galperin, le vendeur a décidé de suspendre la vente de ses AirTags modifiés, en convenant qu’« il y aura toujours une minorité pour les utilisateurs à des fins malveillantes ». « Je ne peux pas empêcher les gens de modifier leurs AirTags eux-mêmes », ajoute-t-il, « on trouve des instructions en ligne ».
De fait, l’un des tutoriels parmi les mieux référencés annonce la couleur, en vantant une modification qui « vous évitera de vous faire prendre si vous avez caché un AirTag dans une voiture ou ailleurs pour suivre » quelqu’un. Malgré toutes les précautions, Apple ne peut pas empêcher le détournement des AirTags, un mouchard bien intentionné restant un mouchard.
Etsy ne référence plus de balises modifiées, mais on peut encore en trouver sur eBay. Le retrait du hautparleur est facturé entre 20 et 30 €, un surcout de 60 à 75 %. Le marché du harcèlement assisté par ordinateur est décidément lucratif.