Djingo, l'enceinte connectée développée par Orange et Deutsche Telekom a été dévoilée avec tambour et trompette durant le show Hello 2017 de l'opérateur historique, avec une date de lancement programmée au début de l'année 2018. Mais de retards en délais, l'appareil n'a toujours pas fait son apparition dans les boutiques. Aux dernières nouvelles, qui remontent à décembre dernier, il devait sortir au printemps 2019… mais là encore, rien n'est venu.
Le silence d'Orange autour de ce produit est assourdissant, un signe de l'embarras relevé par Le Monde, qui a obtenu quelques confidences de sources proches du dossier. Malgré une équipe de 150 ingénieurs dépêchés par les deux géniteurs du projet, le développement pâtit de problèmes techniques. Djingo doit contrôler la télévision, les objets connectés, lancer de la musique… le tout via un système de reconnaissance vocale en plusieurs langues.
Toutes choses dont sont capables les enceintes Echo, HomePod ou encore Google Mini, mais les constructeurs américains ont des poches autrement plus profondes qui leur permettent d'investir à fonds perdus dans ce type de technologies. Sans oublier la concurrence locale : les nouvelles box de Free et de SFR emportent leur propre assistant vocal.
Les ressources sont une chose, mais l'impéritie d'Orange en est une autre. La division TGI (Technology and Global Innovation) de l'opérateur a été chamboulée l'an dernier, en même temps que l'organisation globale du groupe. Ce chantier (baptisé « Vanille » en interne) visant à refondre le fonctionnement des différentes structures chargées de l'innovation accapare la direction, qui manque de temps pour gérer et finaliser le développement de Djingo.
Le problème est cependant plus vaste et va au-delà du sort du pauvre assistant qui, s'il sort un jour, devra jouer des coudes pour se faire une place au soleil. Selon une source du Monde, « l'enceinte connectée n'est pas à l'heure, la nouvelle box rame, et du côté de la 5G nous constatons que nous avons peu de brevets ». Djingo est un symptôme de « l'inorganisation de l'innovation technologique au sein du groupe », poursuit-elle. Orange a bien des ressources, mais elles sont finalement « mal exploitées ».
Stéphane Richard, le patron d'Orange, est conscient (et embarrassé) de ces difficultés. D'ici la fin de l'année, le comité exécutif de l'opérateur pourrait ainsi accueillir davantage de spécialistes des technologies. Trop peu, trop tard ? Orange poursuit en tout cas ses investissements pour Djingo, via des recrutements au sein de l'équipe dédiée au logiciel de l'enceinte, qui est en phase de bêta test privé actuellement.