L'industrie de la musique a fini de manger son pain noir, grâce au numérique bien sûr et de plus en plus, avec l'aide des abonnements aux services de streaming. En France, le marché a engrangé un chiffre d'affaires de 277,1 millions d'euros au premier semestre 2019, soit une progression marquée de 12,7% par rapport aux six premiers mois de l'an dernier. Le Snep, qui a livré hier son bilan semestriel, précise néanmoins que cette performance n'est pas nécessairement représentative de l'ensemble de l'année : le premier semestre ne pèse que 40% du marché annuel.
Malgré tout, on peut tirer plusieurs enseignements de ce bilan. Le premier, c'est que le marché de la musique physique continue de s'éroder : les revenus tirés de cette activité ont baissé de 4%, à 88,2 millions d'euros. Les ventes de CD et de vinyles représentent toujours un tiers du marché, ce qui marque un « attachement incontestable des consommateurs français au support [physique] », décrypte le Snep.
C'est le numérique qui porte le marché, avec un total de 188,9 millions d'euros au premier semestre (+23%). Et le streaming en est la composante la plus dynamique : la pratique, qui représente 93% des revenus du numérique (+4 points par rapport au premier semestre 2018), pèse rien moins que 175,3 millions d'euros.
Le modèle économique de l'abonnement a fait son trou : l'abonnement génère 80% des revenus tirés du streaming. En France, qui compte 6 millions d'abonnés, cinq plateformes concentraient l'essentiel des revenus du marché du streaming l'an dernier : le régional de l'étape Deezer avec 37,5% des revenus, Spotify avec 25,2%, Apple Music avec 13,4%, Napster avec 7,1%. YouTube, malgré son omniprésence et ses milliards d'écoutes, ne génère que 8,8% des ventes.
La progression d'Apple Music en France est sensible : le service de streaming est passé de 3,3% des revenus du streaming en 2015 à 9,7% l'année suivante, puis 11,3% en 2017. En trois ans, Apple Music a donc gagné 10,1 points (+2,1 points entre 2017 et 2018). Pas si mal quand Deezer et Spotify se contentent d'une progression de respectivement 0,3 et 0,2 point entre 2017 et 2018.
Il faudra cependant plus qu'une exclusivité temporaire de PNL pour forcer le passage en tête, même si cela y participe (lire aussi : Il y a un adulte à la tête d'Apple Music).
Succès du streaming aidant, le nombre de streams progresse logiquement. Leur volume a augmenté de 23% avec 33,3 milliards d'écoutes, à la fois sur abonnement et financés par la pub, sur les six premiers mois de l'année. Chaque semaine, ce sont en moyenne 1,3 milliard de streams qui sont écoutés — le triple par rapport à 2016.
Même si le Snep regrette que les Français soient finalement peu nombreux à succomber aux charmes de l'abonnement (« la marge de progression reste considérable pour transformer ce début de croissance retrouvée en un modèle pérenne »), le streaming est entré dans les mœurs.
70% des internautes de plus de 10 ans qui écoutent de la musique se font plaisir aux oreilles avec les services de streaming audio ou vidéo. Seule la radio fait mieux, avec 89%. 4 usagers du streaming sur 10 ont moins de 25 ans, un quart des abonnés à ces services a plus de 55 ans.
En termes de contenus, le rap est plébiscité par les utilisateurs de services de streaming. Parmi les dix meilleures écoutes premium au premier semestre, six sont des morceaux de rap ou hip-hop. PNL est premier avec le morceau « Au DD »… Apple a eu le nez (et l'oreille) fin(e).