Chargeurs allume-cigare, PC, réfrigérateurs, enceintes, machines à laver, autoradios, écouteurs… Alexa est partout au CES 2018. Quand l’assistante d’Amazon n’est pas directement intégrée à un appareil, elle permet de le contrôler de quasiment n’importe où. Les murs ont des oreilles, ce sont celles d’Alexa.
Alexa ici, Alexa là
Pour parvenir à inonder le marché de produits compatibles avec Alexa, Amazon a mis en place une équipe vouée entièrement à cette tâche, en plus de la division concevant les appareils Echo — toujours plus nombreux —, et de celle travaillant sur l’assistante elle-même.
« Vous devriez pouvoir parler à Alexa où que vous soyez et avec n’importe quel appareil. Nous songeons à un monde où Alexa serait omniprésente », explique Priya Abani, le responsable de cette équipe, dans un reportage de Wired.
La division Alexa Voice Services crée des kits de développement, incluant du logiciel et du matériel, qui servent de base pour les autres fabricants. Amazon s’efforce de simplifier le plus possible le développement et de répondre à toutes les attentes en proposant sept kits spécifiques coûtant seulement quelques centaines de dollars chacun.
Une simplification poussée à tel point qu’un fabricant pourrait créer un produit compatible avec Alexa sans qu’Amazon ne s’en aperçoive avant qu’il ne soit référencé sur sa boutique en ligne.
C’est du gagnant-gagnant : le fabricant tiers dote son produit d’une dose d’intelligence sans de coûteux et longs investissements ; Amazon étend le spectre d’Alexa bien au-delà de ce qu’il pourrait faire seul. Quand on sait qu’Alexa pourrait diffuser de la publicité, on comprend tout de suite l’importance que revêt son expansion.
Plus de 50 catégories d’appareils incluant Alexa sont disponibles aujourd’hui, et Alexa Voice Services ne compte pas s’arrêter là. L’équipe planche sur un nouveau type d’intégration, Alexa Mobile Accessories Kit, qui exploite le smartphone pour ouvrir les oreilles d’Alexa dans les écouteurs et les montres.
Elle collabore aussi avec des fabricants pour améliorer une Alexa qui, il faut le rappeler, a seulement trois ans. La division a renforcé les capacités musicales de l’assistante avec Sonos, par exemple. Ces améliorations profitent ensuite à tout l’écosystème.
La fiabilité d’Alexa sur les appareils tiers est d’ailleurs actuellement scrutée par Amazon. Un robot maison teste certains d’entre eux dans une pièce insonorisée du Lab126 où Amazon planche sur son propre matériel, relate Wired. Le robot fait la conversation à Alexa en plusieurs langues — au moins allemand, anglais et japonais, en peut-être aussi le français qui pourrait être pris en charge prochainement —, et avec 22 voix différentes ainsi que plusieurs accents.
Dans le laboratoire, l’équipe Alexa Voice Services a exposé une partie des produits actuellement disponibles compatibles avec Alexa : des enceintes, beaucoup d’enceintes, mais aussi un thermostat, une lampe, un robot…
Hey, Google !
Cet inventaire à la Prévert, Google tente de le reproduire avec son assistant à lui. Si déjà 400 millions d’appareils dans la nature intègrent Google Assistant — principalement des smartphones Android —, le géant du net ne veut pas se faire doubler par Amazon sur les objets connectés.
10 millions d’exemplaires du Google Home et du Google Home Mini, qui ont bénéficié de grandes campagnes marketing et de promotions à tire-larigot, ont été vendus à travers le monde. C’est bien, mais c’est moins que les « dizaines de millions d’appareils Alexa » vendus par Amazon rien que durant les fêtes (Amazon ne communique pas de chiffre précis).
C’est ainsi qu’une palanquée d’enceintes et d’équipement domotique compatibles avec Google Assistant a déferlé au CES. Les partenaires de Google ne sont pas creusés la tête pour créer certains nouveaux produits.
Harman, Lenovo, LG et Sony ont tous sorti leur propre version de l’Echo Show, en remplaçant donc Alexa par Google Assistant dans leurs « écrans intelligents ». Est-ce qu’une tablette classique n’est pas plus intelligente que ces moniteurs Google, la question mérite d’être posée.
Et histoire de bien faire entrer son assistant dans la tête des journalistes présents au CES — et par extension de leurs lecteurs —, Google a tapissé Las Vegas de l’incantation « Hey Google », devenu un slogan à part entière.
Et Apple dans tout ça ? Elle n’envisage sans doute pas d’ouvrir Siri aux quatre vents pour le rendre disponible sur des produits tiers. L’élargissement de la gamme d’appareils Apple et la démocratisation de la plateforme HomeKit suffiront-ils à Siri pour résister à l’assaut d’Amazon et Google sur le long terme ? L'assistant de Cupertino est en tout cas en bien meilleure posture que Cortana, qui peine à s'installer dans de nouveaux appareils et qui se fait même bousculer par Alexa dans Windows.