Pour un projet initié il y a maintenant 5 ans, le report du lancement du HomePod de quelques semaines ou mois paraît presque anecdotique.
C'est en effet un projet au long cours, qui a suivi des voies tortueuses, que décrit Mark Gurman chez Bloomberg, en revenant sur quelques épisodes de la genèse de cette enceinte contenant Siri.
Il raconte que l'idée a germé dans le cadre d'un projet personnel mené en 2012 par quelques ingénieurs d'Apple. Ils caressaient l'idée de fabriquer une enceinte apte à rivaliser avec celles de spécialistes du domaine. L'une des pistes pour améliorer l'écoute était d'utiliser le principe du Beamforming qui adapte la diffusion du son aux caractéristiques de la pièce. Un procédé retenu pour le HomePod actuel et utilisé aussi par ses concurrents.
Plusieurs designs furent évalués. L'un d'eux présentait une surface plane recouverte d'une maille, un autre est décrit comme approchant un mètre de haut et contenant une douzaine de haut-parleurs. Il y eut des essais avec d'autres couleurs que le noir et le blanc et l'idée aussi de le vendre sous la marque Beats.
Après deux années de travaux et quantité de prototypes, le projet reçu le nom de code "B238" au sein de la division des accessoires, celle à l'origine des AirPods. Une unité dirigée par Gary Geaves, un ancien responsable de la recherche chez Bowers & Wilkins.
Des chambres acoustiques furent créées pour tester l'appareil, ainsi que de fausses pièces simulant une chambre universitaire, un salon ainsi qu'un espace ouvert façon loft. En 2016, poursuit Bloomberg, des employés extérieurs à l'équipe de conception furent sollicités pour tester l'enceinte et offrir un avis plus neutre que celui des concepteurs.
Cette même année, alors qu'Amazon lançait sa première enceinte Echo avec l'assistante Alexa, l'équipe Siri fut informée que le HomePod s'orientait en premier lieu vers un rôle d'enceinte musicale. Il contiendrait bien Siri mais ne serait pas promu en tant qu'assistant multifonctions. La page de présentation du produit mentionne bien Siri mais avant tout dans un contexte de questions autour de la musique.
L'approche d'Amazon était l'inverse de celle d'Apple : son Echo mise d'abord sur son assistante et sa capacité à intégrer une masse toujours plus importante de services tiers. Ses qualités sonores viennent après.
Durant les deux années qui ont suivi l'arrivée d'Echo sur le marché, le projet HomePod aurait été abandonné, puis relancé à plusieurs reprises, tout en changeant de forme alors que les dirigeants d'Apple essayaient de trouver la bonne formule.
En définitive, Apple est restée sur la lancée initiale, consistant à faire une bonne enceinte pour Apple Music (a priori aucun autre service ne sera compatible, du moins au début) et à s'appuyer sur Siri pour quelques usages bien définis.
Là où Amazon accueille tout le monde, Apple limitera les apps capables d'interagir avec son enceinte à 14 domaines, dont l'actualité générale et sportive, la domotique HomeKit, les rappels, la météo, la lecture de podcasts, la minuterie, les questions de culture générale, les conditions de circulation, etc. Ça reste assez large pour un usage au quotidien mais plus encadré qu'Amazon qui ouvre ses Echo qui le veut, pour tout et n'importe quoi (lire aussi Le HomePod pourra contrôler des apps via Siri).
Reste un mystère sur lequel l'article ne lève pas le voile : la raison technique exacte pour laquelle Apple a décidé de retarder la sortie du HomePod et de se priver du tremplin qu'auraient constitué les achats de Noël.