Après avoir envahi nos poches, la prochaine bataille des géants des services en ligne, c’est le foyer. Amazon a frappé fort et juste il y a deux ans avec Echo, premier haut parleur connecté à intégrer un assistant virtuel dopé à l’intelligence artificielle (Alexa). Devant le succès inattendu de ce produit, d’autres constructeurs sont partis à l’assaut de ce marché.
Avant qu’Apple ne s’y attaque (il parait qu’on planche sur le sujet du côté de Cupertino), c’est Google qui dégaine avec Home. Ce haut parleur intelligent, qui ressemble à un diffuseur de parfum, était entre les mains ou plutôt dans les maisons des habituels testeurs américains. Les tests sont maintenant publiés et la première conclusion rapide qui s’impose, c’est que ce produit est encore bien loin d’avoir atteint son plein potentiel.
Un assistant limité
Cnet livre une liste des choses que l’on peut demander à Home : ajouter des choses à une liste d’épicerie, connaitre ses rendez-vous, créer une alarme, mettre une alarme sur pause, créer un minuteur, connaitre la météo et les conditions de circulation, lire les infos, obtenir la réponse à une question, réaliser une opération mathématique, commander un Uber, et obtenir un petit journal du jour après une sélection de contenus dans l’application mobile.
La liste des choses qu’on ne peut pas faire montre qu’il reste encore beaucoup de travail à accomplir. Wired écrit ainsi qu’il est impossible de créer et d’envoyer un e-mail, de créer un rendez-vous, de lancer un coup de fil, de lancer une recherche de photos (pour les consulter sur son smartphone). Au contraire d’Alexa, l’assistant d’Amazon, Google ne bénéficie pas d’un large écosystème de partenaires qui intègrent Home — du moins, pas encore.
Autre point noir relevé par The Verge, Home est mono-utilisateur. Il pioche dans le compte Google d’un seul utilisateur alors que par nature — après tout, le haut parleur est posé au milieu du salon ou d’une pièce — il doit pouvoir servir à toute la famille. Quand quelqu’un ajoute une tâche, celle-ci est intégrée dans la liste des tâches de l’unique propriétaire de l’appareil.
Contrairement à sa publicité (ci-dessus), Home n’est pas vraiment calibré pour un usage familial, chacun ayant son propre Assistant… mais Google est encore loin du compte. Le moteur de recherche en a conscience et travaille sur ce sujet qui est plus délicat qu’il n’y parait.
Home répond aux questions d’actualité de toutes sortes, en conservant un minimum de contexte. Mais son absence d’écran est un handicap quand l’Assistant intégré au haut parleur n’a pas la réponse ; sur le Pixel, comme sur iOS, il peut afficher une liste de résultats provenant d’internet. Rien de ça avec Home, en toute logique. L’appareil se contente d’émettre un son de dépit.
Comme Siri, qui se décline dans des versions pour iOS, macOS et Apple TV, l’Assistant de Google n’est pas le même selon l’appareil avec lequel on s’en sert. Actuellement, il y a "trois" Assistant : un pour le Pixel, un pour la messagerie Allo, le dernier pour Home donc. Ce n’est pas vraiment un problème puisque l’usage d’Assistant est différent d’un produit à un autre. Mais celui de Home est moins bien intégré au sein des services de Google pour le moment.
Un hub pour la domotique et le multimédia
Home se montre en revanche tout à fait compétent pour la gestion des objets domotiques. Actuellement, quatre plateformes sont prises en charge : Hue, Nest, SmartThings et IFTTT. De quoi gérer déjà beaucoup d’appareils connectés, des ampoules aux thermostats, et IFTTT apporte une ouverture vers des produits plus exotiques. Mais Alexa fait mieux, là encore grâce à l’ouverture d’Amazon.
Avec le temps, on peut penser que Home sera aussi complet que son principal rival. À ce stade, on ne peut que tirer des plans sur la comète, mais l’hypothétique assistant domestique d’Apple se contentera-t-il de la seule compatibilité HomeKit ?
Le produit de Google donne toute satisfaction au niveau du multimédia : il est d’une part fourni avec 6 mois d’abonnement à YouTube Red pour écouter de la musique sans publicité, et d’autre part le haut parleur sait piocher dans les catalogues de Google Play Music, Spotify et Pandora. De quoi voir venir, et on peut ajouter qu’il est possible de diffuser du son sur Home depuis un smartphone ou son ordinateur.
L’appareil sait aussi communiquer avec un Chromecast branché à un téléviseur : pour le moment, Home se limite à la diffusion de vidéos YouTube mais à l’avenir, nul doute que d’autres services viendront s’y greffer.
Enfin, la question de la confidentialité des données est centrale car après tout, on parle de Google. Home ne s’active qu’après une requête spécifique (« Hey Google », ou « OK Google ») ou en appuyant sur un bouton. Les données recueillies par l’appareil sont stockées sur les serveurs du moteur de recherche et elles peuvent être consultées sur la page Mon activité. À partir de là, il est possible de supprimer des éléments et modifier des paramètres.
Home pas encore à la maison
L’Assistant de Home n’est pas génial, mais il le sera peut-être un jour, écrit The Verge en conclusion de son test. Les journalistes américains ressortent un peu circonspects des quelques jours qu’ils ont pu passer avec cet appareil qui, pour le moment, n’en fait pas beaucoup plus qu’Alexa (voire moins). Alors que Google en sait beaucoup plus sur ses utilisateurs qu’Amazon.
Mais ce n’est qu’une question de temps pour que les services s’accumulent. Et Google a démontré sa volonté d’améliorer son Assistant. On attend maintenant de savoir ce qu’Apple a dans ses tuyaux pour installer Siri au cœur de la maison. Home sera disponible aux États-Unis le 4 novembre au prix de 129 $.