Si Bowers & Wilkins, célèbre fabricant de produits audio, n’était pas fermé à une possibilité de rachat, on ne s’attendait pas à ce coup de théâtre. Le vénérable constructeur anglais fondé en 1966, et qui emploie 1 100 personnes, va en effet passer entre les mains d’Eva Automation, une start-up californienne créée il y a deux ans, dont les effectifs ne dépassent pas les 40 employés.
Joe Atkins, le PDG de Bowers & Wilkins qui détient 60% du capital de l’entreprise, a rencontré son homologue d’Eva il y a un mois. Le deal a été scellé très rapidement. Le montant de la transaction est inconnu et l’annonce est à peine publique : c’est Bloomberg qui en a eu la primeur.
Que vient faire Bowers & Wilkins dans cette galère ? Habituellement, c’est plutôt l’inverse : les grosses sociétés achètent les plus petites histoire d’injecter un peu de sang neuf. Et les deux entreprises ont bien conscience que la structure de cet accord est inhabituelle. La question n’a obtenu qu’une réponse partielle : Atkins sait que son groupe n’a pas l’expertise requise pour arrimer ses produits aux services dans le nuage.
Eva Automation, de son côté, se propose de fabriquer des produits qui « changent la manière dont les gens interagissent et pensent leurs foyers ». Du sabir marketing typique de la Silicon Valley, mais le projet de Gideon Yu, le fondateur de la start-up, a visiblement créé les conditions de ce rapprochement peu commun. Yu prévoit la commercialisation des premiers appareils de la nouvelle entité — qui prendra le nom de Bowers & Wilkins — au milieu de l’année prochaine. Et ils intégreront la technologie domotique en cours de développement d’Eva.
Joe Atkins, qui devient CEO de cette nouvelle entreprise (avec une part significative du capital), convient que cette union va nécessiter quelques explications. Mais avec le temps, « il deviendra évident que c’est exactement ce que Bowers & Wilkins devait faire ». Le constructeur continue de vendre les produits de son catalogue actuel. Gideon Yu, qui prend le siège de président de la société, n’est pas un complet inconnu : il était le directeur financier de YouTube avant son acquisition par Google ; il a aidé Facebook à obtenir des fonds de Microsoft ; il a également mis des billes dans Square. Et Eva compte une dizaine d’anciens ingénieurs d’Apple.