Sujet de saison, notre appel à témoins sur les thermostats connectés a amené quelques-uns de nos lecteurs à faire un bilan de l'utilisation de ces appareils domestiques. Premier constat, sur la quinzaine de réponses laissées dans le forum, le modèle de Netatmo y est omniprésent.
L'origine française de ce produit est d'ailleurs plusieurs fois citée dans les critères ayant présidé à son choix. Cette forte présence peut aussi s'expliquer par le fait que Netatmo a su profiter du regain d'intérêt autour de ces appareils pour se lancer en France un an avant le Nest. Ce dernier avait démarré sa carrière aux États-Unis et relancé l'intérêt pour ces équipements grâce à un design soigné, imaginé par une équipe d'anciens d'Apple.
La plupart des lecteurs équipés en Netatmo l'ont installé eux-même. C'est le cas de carambarvolan qui se chauffe avec un poêle à pellets, dont le système intégré était « catastrophique ». Dans sa maison basse consommation à ossature en bois, il estime que l'économie réalisée atteint en moyenne 20 %.
Parmi les points positifs du système français, il cite la facilité et la souplesse de programmation et d'utilisation ; les bilans mensuels envoyés par le fabricant qui « permettent de suivre votre performance énergétique et vos durées de chauffe, en vous influençant sur les températures recommandées pour le bien de la planète ;-) ». Côté moins, il trouve que son thermostat est parfois très lent à se reconnecter à son relai, dès lors il le laisse allumé en permanence.
Même choix d'équipement pour Sergio, qui a passé un hiver avec son thermostat relié à une chaudière au gaz E.L.M Leblanc. Comme carambarvolan il loue le fonctionnement général du produit ainsi que le suivi logiciel avec les mises à jour de l'app iOS tous les 2 ou 3 mois. Il avait une préférence pour le design du Nest — il est vrai que personne n'a fait mieux à ce jour — mais les fonctions du Netatmo ainsi que le prix ont fait pencher la balance en sa faveur.
Le nouveau Nest de troisième génération coûte 249 € alors que le Netatmo est à 149 € (ou 119 € avec la remise en cours jusqu'à fin décembre). Autre avantage récent du boîtier Netatmo, il a été décliné en une version compatible HomeKit pour être piloté depuis Siri. À l'inverse, Nest a été très clair sur son désintérêt complet pour cette interface de pilotage.
Dès le lancement du Netatmo en septembre 2013, Karybout s'est équipé mais il ne l'a obtenu qu'en décembre :
Les réglages utilisateur n'étaient pas super affutés au départ. Mais je n'ai pas eu de voisin en dessous de chez moi pendant tout l'hiver, c'est une vieille maison avec planchers en bois avec une isolation quasi nulle. Économies de 0% par rapport à une moyenne de consommation des 7 années précédentes où il y avait un voisin en dessous. La 2e année a vu un hiver complet mais avec un thermostat fonctionnant — d'après mon chauffagiste — avec une température d'eau de chaudière beaucoup trop haute qui me fait surconsommer allègrement. Économies : 13%
La troisième année d'utilisation est en cours mais notre lecteur a pu trouver une température qui lui convient (19°) et qui est assez basse pour consommer beaucoup moins. « Surtout, la température de consigne est respectée à 0,1° près, alors qu'avant je flirtais parfois avec des variations de +0,4/0,5° au dessus de la consigne. »
Installé avec une chaudière à gaz de marque Chappée, le thermostat de dupontrodo lui a fait économiser en moyenne 20% sur sa facture « J'ai déménagé il y a 4 mois, et j'ai pu installer le Netatmo à la place du thermostat de mon chauffage central, et le confort est toujours là ! »
jeannot72 a pu passer un hiver complet avec son thermostat, un Nest, installé en lieu et place d'un ancien modèle programmable aussi. Il n'a pas fait d'autres changements dans l'habitat.
J'utilise le gaz aussi pour l'eau chaude avec un ballon séparé et pour la cuisine (table de cuisson), consommation sur laquelle le Nest n'a aucune influence. Je ne peux comparer que la consommation totale de gaz, l'influence du Nest sur la consommation de gaz utilisé sur le chauffage est donc en réalité supérieure à celle mesurée. Par rapport à l'an dernier, ma consommation est en baisse de 7 % (19 112 Kw/h contre 20 490 Kw/h sur 2013-2014). Par contre, si l'on compare avec la moyenne des 5 dernières années, la différence est nettement plus sensible : -14 % (19 112 Kw/h contre 22 218 Kw/h). L'économie réalisée sur la base du tarif réglementé B1 de novembre 2015 est de 72 € par rapport à l'an dernier et de 163 € par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Le thermostat sera donc très rapidement amorti.
À défaut de fournir un bilan chiffré des économies réalisées, splafi, équipé en Netatmo, juge le produit très satisfaisant. Toutefois, il relève une faiblesse « La portée entre le relai et le thermostat est selon moi trop courte pour des maisons individuelles, lorsque la chaudière est dans le garage. Il y a quelques déconnexions de temps à autre. »
umrk, analyse de façon assez pointue les performances de son installation Netatmo. Il l'a couplée avec une station météo du même fabricant (démo en ligne du tableau de bord). Cette sonde relève les températures extérieures (qualité de l'air, niveau sonore aussi) mais également intérieures grâce à des modules additionnels que l'on peut placer dans différentes pièces. Elle a comme avantage de fournir des relevés météo plus précis lorsque la station de Météo France (qui vend des relevés) est distante.
La station météo de Netatmo permet aux gens de se rendre compte de la complexité du phénomène climatique (les températures ne sont pas homogènes dans une maison, la variation pseudo sinusoïdale de la température extérieure se transmet à l'intérieur avec un déphasage lié à la nature des murs (déphasage que l'on ne voit pas si le chauffage, qui lisse la température intérieure, est en marche…). Dans une analogie électrique, un mur est à la fois une "résistance" et un "condensateur", comme un condensateur, il est capable de temporairement stocker de l'énergie, qu'il restitue par la suite… comme une résistance il s'oppose (plus ou moins bien) à ce que la chaleur intérieure se barre à l'extérieur.
Le thermostat de Netatmo, contrairement au Nest, permet à son propriétaire de télécharger depuis l'interface web un historique des données de fonctionnement. Le Nest s'en tient à afficher 10 jours, peu détaillés et sans export possible. Depuis plusieurs années, umrk s'est concocté une feuille de calcul dans laquelle il applique de savantes formules pour compiler et croiser les données de ses deux dispositifs et construire un modèle thermique de sa maison.
J'y ai consacré des années ! J'intègre l'équation de Fourier dans mes murs, je calcule la température de mes tuiles, de la terre dans ma cave, etc , etc… Il fallait être un peu fou pour relancer là-dedans.
Il explique aussi avoir pris un thermostat connecté pour récupérer ces données et disposer de capacités de programmation plus précises. Cela permet des « montées en température plus progressives, ce qui est favorable pour la durée de vie de la chaudière ». Sur les économies qui sont réalisables, umrk se montre plus circonspect :
La plupart des thermostats font leur boulot correctement, le gain n'est pas dans la sophistication de l'algorithme (même si on peut facilement faire rêver le client avec de la logique floue, ou que sais je encore…). Le gain à mon avis est tout simplement que l'on peut programmer des lois de consignes qui collent plus à la présence humaine dans la maison… (éviter de chauffer quand il n'y a personne).
Il souligne en définitive un point important lorsqu'on se lance dans la comparaison de ses consommations d'une année sur l'autre : le critère météo. On traverse des hivers plus ou moins rigoureux, cela peut vraiment varier d'une année sur l'autre. Il faut donc corréler météo et historique de chauffe — comme l'a fait umrk, pour obtenir une photographie précise de l'évolution de ses dépenses énergétiques.
L'un des rédacteurs de MacG, Nicolas, est équipé depuis l'an dernier d'un thermostat allemand, le Tado°. Son principe de fonctionnement diffère de ses concurrents avec une approche intéressante basée sur la géolocalisation.
Mon appartement est équipé d’un thermostat connecté tado° depuis environ un an. Je l’ai beaucoup utilisé l’an dernier et un petit peu moins cette année, mais il a repris son travail normalement depuis que les températures ont baissé. J’en avais un bon avis au cœur de l’hiver, lors de la publication de notre test. Je n’en ai pas changé depuis et ce que je préfère, c’est que je n’interviens jamais. Le tado° est le seul thermostat connecté qui exploite nos smartphones pour détecter la présence des occupants. Si vous êtes chez vous, il chauffe, sinon, il ne chauffe plus. Certes, cela nécessite que tous les occupants disposent d’un smartphone (il y a bien un moyen de faire sans, mais autant le dire, c’est compliqué et pas pratique), mais c’est à mon avis la solution la plus simple et la meilleure.
Si on part un week-end, on n’a pas à modifier la programmation, le chauffage s’arrête de lui-même. À l’inverse, si je reste travailler à la maison une journée, le chauffage maintient la température sans avoir à modifier le programme.
À l’usage, ce mode de fonctionnement est parfait pour un couple. Chacun a l’application sur son iPhone et la seule chose qu’il a fallu programmer à la main, ce sont les heures d’activité (on choisit l’heure de réveil et l’heure de coucher chaque jour de la semaine) et les consignes de température pour le jour et la nuit. À partir de là, le tado° arrête le chauffage si les deux téléphones sont loins de la maison et le maintient si au moins un iPhone est présent. Simple, mais assez évident à l’usage. Le tado° pourrait être plus connecté encore, changer les heures de réveil et de coucher en fonction de la réalité (et d’un autre capteur, comme le fait le Nest avec son détecteur de mouvement). Mais cette simplicité est aussi sa force et c’est un thermostat que l’on peut configurer une fois et oublier, tout en faisant des économies. Pari rempli selon moi, même si le prix reste (trop) élevé : il faut compter 249 €, plus une centaine d’euros si l'on veut une installation.
Ces quelques témoignages s'accordent sur un point, quelle que soit la marque : la simplicité d'utilisation et le confort de vie qui en résultent. On garde la main sur le fonctionnement de son chauffage au lieu d'être tenu à l'écart par des interfaces matérielles et logicielles rébarbatives comme c'était le cas sur toutes les anciennes chaudières.
Signalons deux témoignages un peu en marge des autres. daffyb, l'un de nos modérateurs, utilise rien de moins qu'un Raspberry Pi. Il a détaillé ici la méthode à suivre pour suivre son exemple ; il a connecté ce micro-ordinateur à une chaudière à gaz Viessmann équipée d'un Vitodens 200. Ensuite, il y a dominiq qui utilise une solution que l'on ne trouve qu'au Québec, le Caleo de CaSA, branché sur un chauffage électrique.