Il n’y aura pas de grand soir pour la révolution domotique. HomeKit, la technologie mise au point par Apple, n’est pas encore tout à fait bien calée, estime Geoffrey Fowler du Wall Street Journal ; le journaliste a pu tester les premiers objets connectés HomeKit conçus par Insteon et Lutron, et il a pu constater à quel point Apple et ses partenaires avaient encore du pain sur la planche pour aboutir à une expérience sans anicroches (lire : Un an après, les premiers produits HomeKit arrivent).
Le testeur regrette en particulier le manque de fiabilité de Siri. Pour être correctement interprétées, les commandes doivent respecter certaines formulations : il ne faut pas demander « Turn the lights to 50% » (« Allume les lumières à 50% »), mais… « Set the lights to 50% », ce qui signifie la même chose mais avec un verbe qui est compris par Siri. En dehors des problèmes ponctuels de compréhension de l’assistant d’iOS, Siri ne saisit pas des phrases comme « Je pars de la maison » (ce qui impliquerait d’éteindre toutes les lumières, par exemple) ou « Éteins les lumières à minuit » — dans ce dernier cas, Siri éteint les lumières… tout de suite.
Dernier problème, l’assistant ne demande pas confirmation d’une requête avant de s’exécuter, ce qui peut se montrer problématique dans certaines situations (mieux vaut être sûr de soi lorsqu’on demande d’ouvrir la porte d’entrée). On est donc loin de la facilité d’usage tant vantée par Apple, mais iOS 9 devrait apporter des améliorations, comme la compréhension de plusieurs types de requête (partir de la maison, se lever, revenir à la maison ou aller au lit). Par ailleurs, l’Apple Watch sera capable également de prendre en charge les ordres vocaux pour HomeKit.
Mais actuellement, l’expérience domotique de Siri n’est pas idéale, souligne Geoffrey Fowler, ce d’autant qu’Apple ne fournit aucune liste des commandes correctement interprétées par la technologie de reconnaissance vocale… Il faut donc y aller à tâtons jusqu’à trouver le bon ordre (dans ce cas, mieux vaut être seul chez soi pour éviter de passer pour un dinguo à dicter mille formules à son iPhone).
Même si la rumeur d’une app Home, « vitrine » publique de HomeKit, a circulé sans être annoncée, les applications des fabricants d’accessoires se sont montrées plutôt performantes. Le logiciel d’Insteon par exemple permet de piloter des objets dans des pièces, elles-même placées dans des zones à l’intérieur de maisons. Il comprend aussi le concept de « scènes », qui combinent des périphériques à travers des pièces : il existe ainsi un mode film pour éteindre les lumières autour de la télévision, par exemple. Cerise sur le gâteau, cette application prend aussi en charge les accessoires provenant de fabricants tiers.
Par contre, Insteon ne supporte pas certaines commandes de Siri : il faut encore que le constructeur active des commandes vocales pour des fonctions aussi simples que le contrôle d’une ampoule seule ou le lancement d’une « scène » lumineuse (des fonctions que l’on peut cependant lancer depuis l’app « à la main »). Étant donné l’importance du secteur de la domotique et l’implication d’Apple, le journaliste estime malgré tout qu’il est plus sage d’investir dans des objets HomeKit, même s’ils présentent des limitations actuellement. Sans oublier, ajoute-t-il, l’approche fondamentalement différente concernant le respect de la vie privée entre Apple et Nest (Google) : HomeKit chiffre toutes les données, Apple n’y a pas accès et de fait, ne peut les exploiter.