Il vient tout juste de souffler sa première bougie : l’occasion idéale de faire le point sur le thermostat connecté de Netatmo. Alors que Nest s’importe dans l’Hexagone, soutenue par le géant Google, la start-up française ne semble pas le moins du monde intimidée par son concurrent. Tout au plus sent-on une pointe d’agacement — mais à l’égard de la question maintes fois posée plutôt que de Nest elle-même. Et pour cause : en Europe, l’Américaine aurait déjà perdu la guerre, à en croire Fred Potter, fondateur de Netatmo.
« Inadaptée. » Voilà qui résume, pour lui, l’offre de Nest dans les pays européens. « Aux Etats-Unis, il y a un thermostat pour chaque pièce, donc le Nest est très pertinent, avec son chargeur dédié et sa fonction de détection de présence. Mais en Europe, les foyers n’ont qu’un seul thermostat pour toute la maison. Quel est l’intérêt de la détection de présence si tout le monde est dans sa chambre et que le thermostat est dans le salon ? ». D’autant qu’en France, tout particulièrement, les foyers se chauffent en grande partie… à l’électrique. C’est ainsi près de 50 % du marché que Nest ne pourra jamais s’octroyer.
Mais le problème vaut aussi pour le thermostat de Netatmo, tout dessiné par Starck qu’il soit. Pourquoi Netatmo réussirait-elle là où Nest est censée échouer ? Le fabricant veut d’abord se rendre plus accessible, grâce à des accords de distribution avec des énergéticiens comme ceux du réseau EDF Luminus en Belgique, des grandes surfaces de bricolage, des enseignes technologiques comme la FNAC, et les Apple Store dans certains pays. Il ambitionne aussi d’améliorer rapidement son produit au gré de mises à jour régulières.
La dernière version en date apporte ainsi le BEE, pour « bilan économies d’énergie » : un bilan mensuel, récapitulant l’analyse de la consommation du mois passé, les économies réalisées (« jusqu’à 25 % », promet Fred Potter), et les préconisations du thermostat pour le foyer. La fonction Auto-Adapt se fonde quant à elle sur deux semaines d’apprentissage des habitudes du foyer pour lisser la consommation le plus possible, en fonction des moments de la journée.
À demi-mot, on nous confirme la compatibilité avec HomeKit, que Nest ne prendra jamais en charge. L’app de Netatmo est disponible sur toutes les plateformes existantes, sauf Linux. Enfin, dernière égratignure pour la firme de Mountain View, les données collectées par Netatmo sont hébergées en France, et ainsi soumises à la CNIL et au droit français.
Reste que nul n’est prophète en son pays : la start-up française progresse surtout… dans les autres pays européens. Un site permet de vérifier la compatibilité de son foyer avec le thermostat, vendu 179 € et facile à installer (« deux fils à brancher, et c’est tout »). Mais il ne suffira pas d’un thermostat pour faire une success story à l’américaine : l’écosystème de l’entreprise doit s’étendre pour profiter de l’engouement pour le marché naissant des objets connectés. Qui seront donc bien au chaud.