Cette semaine, NVIDIA a lancé aux États-Unis et au Canada sa console Android baptisée SHIELD. Tout comme la Ouya, cette dernière fonctionne sur l'OS de Google, mais elle propose aussi de jouer à certains jeux PC via le GeForce PC Streaming.
La SHIELD de NVIDIA profite de Google Play. Dotée d'un processeur Tegra 4, cette console portable aux allures de manettes de jeu est surmontée d'un écran tactile de 5" à 1280 X 720 pixels. Disponible outre-Atlantique pour 300$, elle embarque 2 Go de RAM LPDDR3 1800 MHz, 16 Go de SSD, du WiFi, Bluetooth, GPS, un port micro-USB, un micro-SD, un mini-HDMI.
La SHIELD ne se cantonne pas uniquement au catalogue Android. D'une part, le bouton central du pad permet d'accéder à la page Tegra Zone et à ses 131 jeux optimisés pour consoles et tablettes. Ensuite, le GeForce PC Streaming offre la possibilité aux joueurs de profiter de leurs titres PC. Une fonctionnalité toujours en bêta, mais qui permet de prendre le contrôle d'un ordinateur à distance pour jouer directement sur l'écran de la SHIELD.
Sur le papier, tout a l'air au top. Le constructeur était évidemment le premier à livrer ses tests et avis, mais depuis, la SHIELD est passée entre les mains de divers médias américains. Un petit tour d'horizon s'impose.
Performante, mais inconfortable
Sous Android 4.2.1, la SHIELD est capable de lire n'importe quelle application du PlayStore de Google. Outre les jeux, un microphone assure les conversations sur Skype ou la dictée de textes. La console inclut également un GPS. Côté prise en main, le tactile séduit, mais ça n'est pas encore idéal. The Verge n'y va pas de main morte et n'hésite pas à parler de « cauchemar ergonomique ». Il est apparemment difficile de jongler entre le tactile et les boutons. Le produit n'est pas conçu pour être tenu autrement que par le joystick.
Alors que le ratio 16:9 est idéal pour la lecture de films et les jeux, les gestes habituels liés à l'interface Android, comme le simple fait d'utiliser le clavier virtuel, deviennent une vraie corvée. « C'est extrêmement difficile de tenir la SHIELD par le couvercle, de glisser ses doigts, de pincer ou d'écrire » précise The Verge, tout en reconnaissant que la console reste bien plus fonctionnelle que la PlayStation Vita.
Joystiq n'est lui pas aussi radical. Pour 300 dollars, il s'agit là d'un bon compromis. Avec Jelly Bean, les utilisateurs Android ne sont pas dépaysés et les joueurs peuvent ici rapidement passer d'une application à une autre en utilisant le joystick ou en tapant sur l'écran. Là encore, la prise en main surprend. « On se sent maladroit au début, mais on s'y habitue », explique le site. Les compliments vont surtout à l'écran OLED 5 pouces qui permet de regarder des films sur Netflix, HBO Go, Hulu Plus… ou via une carte Micro-SD.
Malgré ces quelques points positifs, certaines critiques demeurent. La SHIELD est limitée puisqu'elle ne dispose d'aucune caméra. Le snapchat entre amis pendant une partie est donc exclu. Ensuite, la console n'a pas de couverture cellulaire. Il faut compter uniquement sur le WiFi pour se connecter. Enfin, l'affichage automatique de certaines applications en mode portrait a de quoi surprendre.
Où sont les vrais jeux?
Avec cette console portable, les gamers sont en droit d'attendre de réelles nouveautés. Au risque de décevoir, il ne faut pas trop être gourmand. Certaines apps comme Crazy Taxi, sortie il y a quelques semaines sur Android, fonctionnent sur l'Xperia Play mais pas sur la SHIELD. Le répertoire n'est donc pas si alléchant que ça. Heureusement que les habituels Dead Trigger ou autres ShadowGun: DeadZone marchent parfaitement.
Engadget estime quant à lui que NVIDIA s'aventure sur un terrain dangereux en proposant un produit destiné à deux populations connues pour être particulièrement exigeantes : les technophiles et les amateurs de PC. Ces derniers apprécieront d'ailleurs la simplicité de fonctionnement du streaming entre la console et l'ordinateur. Une GeForce GTX 650 ou plus et une connexion WiFi sont tout de même nécessaires pour y parvenir. Vous ne pouvez donc pas embarquer vos jeux PC partout avec vous. Résultat : un grand nombre de licences sont toutefois facilement accessibles. Les plus vieux jeux étant pour le moment les mieux adaptés à la SHIELD, précise The Verge. Ubisoft a récemment lancé un remake de Prince of Persia 2, mais ce dernier ne fonctionne pas sur la dernière de chez NVIDIA. Dommage !
Bel effort, mais peut mieux faire
Avec le recul, la SHIELD est un produit difficile à commercialiser en tant que console de jeu portable. L'idée est bonne, mais elle reste étrange, s'accordent à dire Engadget et The Verge. Joystiq y voit plutôt un hybride entre la PS Vita ou la 3DS et les tablettes tactiles. D'après le site, ce produit encombrant se trouvera difficilement une place sur un marché déjà bien rempli.« Pourquoi acheter un appareil supplémentaire ? » est la grande question, surtout s'il pèse plus lourd qu'une tablette (580 grammes) et ne rentre pas dans la poche. L'un des objectifs des consoles portables étant la mobilité, là, le besoin d'être connecté au WiFi limite les déplacements.
NVIDIA surfe sur la tendance en proposant son contrôleur de jeu, mais à 300$, les consommateurs pourraient aussi se tourner vers un iPod touch 32 Go au même prix, ou un iPad mini pour 30$ de plus. La Shield reste un gadget intéressant, mais la chose à retenir, avant tout, est l'efficacité du streaming PC.