Quelques acteurs de l'aventure webOS font une analyse des raisons de l'échec du système de Palm/HP. Lequel va dorénavant continuer (ou terminer ?) sa vie en open source. Paul Mercer, ancien Senior director of software chez Palm (autrefois il a travaillé chez Apple sur le Newton, le Finder du System 7 puis chez Plaxo qui fut le fournisseur de l'OS du premier iPod) juge que le choix de technologies web pour construire webOS et s'imposer face à iOS et Android fut une erreur fondamentale. Palm choisit WebKit comme fondation (utilisé par Apple dans quantité d'applications dont Safari et chez Google pour Chrome), notamment en faisant le pari que cela rendrait plus aisé la création d'applications.
C'est vers Jon Rubinstein que le doigt est pointé quant au choix de cette fondation. D'anciens employés rappellent que l'ex-patron du Mac et de l'iPod chez Apple avait un profil très "matériel" et qu'il n'a pas su mesurer les exigences relatives à la conception d'un OS. C'est lui qui aurait donné en dernier lieu le feu vert à l'utilisation de WebKit
Mais ce moteur n'offrait pas des performances suffisantes, et la différence était patente face à iOS explique Mercer. Un autre ancien de Palm, toujours chez HP, évoque pour sa part l'incapacité de l'entreprise à faire de webOS une plateforme viable sur laquelle bâtir un écosystème. Palm n'avait pas les bonnes personnes - responsables d'équipes ou ingénieurs - pour y parvenir. Cette source explique que la réalisation de webOS n'a pris que neuf mois, un délai qui n'a pu être tenu qu'en prenant quelques raccourcis. Les ingénieurs de Palm ont créé de zéro plusieurs applications et ensuite seulement se sont attelés aux API et outils pour les développeurs tiers. Des travaux plus tard remis à plat et révisés une seconde fois après le rachat de Palm, obligeant les développeurs extérieurs à refaire leurs gammes à chaque fois.
Autre difficulté pour Paul Mercer, l'absence de gens qualifiés pour travailler avec WebKit. À l'époque, en 2009, ces ressources humaines étaient rares, Apple comme Google avaient aussi raflé les meilleurs profils. Le lancement du Pre avec webOS et les lenteurs constatées dans son fonctionnement entraînèrent de très nombreux retours parmi les premiers clients se souvient un ancien développeur de Palm. L'entreprise n'aurait pas pris la mesure du nombre de personnes nécessaire pour corriger et améliorer l'OS.
Enfin, le rachat par HP conduisit au départ de plusieurs membres importants de l'équipe, dont Matias Duarte, le père sinon l'âme de l'interface utilisateur de webOS (et qui supervise maintenant celle d'Android). Une absence qui ne fut pas comblée ou sinon par des gens de bien moindre compétence expliquent d'autres anciens (lire aussi
Matias Duarte : le chantier de l'interface utilisateur d'Android).
Sam Greenblatt, le directeur technique d'HP, concède volontiers que webOS souffrait à l'origine de problèmes de lenteurs, mais il considère aujourd'hui que des progrès substantiels sont été réalisés et réitère que «
l'objectif numéro 1 est d'amener le code du système à un niveau supérieur». Une capacité dont doute Mercer, toujours pour les mêmes raisons techniques «
Si l'idée est de placer la barre au niveau d'Apple en terme d'élégance et de réactivité des applications, alors WebKit n'est toujours pas prêt, parce que le web n'est pas encore capable de cela».
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via New York Times]