Les opérateurs de téléphonie mobile continuent de s’envoyer des roses. Après la lettre de Bouygues Telecom à Free Mobile (lire : Bouygues s'inquiète de l'avancée du développement du réseau Free Mobile), voici la réponse du berger à la bergère.
Si la lettre commence par un « Cher Olivier », elle n’a rien d’amical. Directeur général d’Iliad, Maxime Lombardini, a donc pris sa plume afin de remettre les points sur les i. Premier point, il a tenté de rassurer son concurrent par rapport à ses obligations de couverture réseau fixées par l’ARCEP. Poliment, Maxime Lombardini rappelle que ses concurrents, et notamment Bouygues, n’ont pas respecté la totalité de leurs obligations initiales lors du déploiement de la 3G.
D’après lui, l’objectif de couvrir 75 % de la population en janvier 2015 sera atteint. Free Mobile travaille à l’ouverture de 2000 nouveaux points cette année. Dans un entretien donné aux Echos, Maxime Lombardini estime que 4500 stations seront suffisantes pour respecter les obligations fixées par l’ARCEP.
Si ce chiffre paraît peu élevé, le bras droit de Xavier Niel rappelle que Free Mobile utilise systématiquement des fréquences à 900 MHz, qui portent mieux que les fréquences utilisées par ses concurrents quand ils ont commencé à déployer leurs réseaux 3G. D’autre part, selon lui, c’est le dernier quart de la population qui nécessite le plus d’antennes.
Se refusant à entrer dans les détails pour des raisons de confidentialité, il a également assuré que plus de la moitié des données mobiles circulent sur le réseau Free Mobile. Maxime Lombardini a fait savoir que la voix progressait de façon régulière. Par contre, il reconnaît qu’il y a encore un trafic 2G important qui passe par Orange puisque Free Mobile ne dispose pas d’une telle licence.
Dans sa lettre, Olivier Roussat de Bouygues Telecom affirmait avoir tout mis en oeuvre pour aider son concurrent à déployer son réseau. La réalité n’est pas aussi rose, selon Maxime Lombardini, qui affirme que les négociations entre les deux groupes ont traîné en longueur du fait de Bouygues. Il accuse son confrère également d’enjoliver la réalité,< lui rappelant que la plupart des pylônes qui avaient été proposés à Free, n’appartiennent plus à Bouygues, mais à TDF. Maxime Lombardini déplore à son tour le manque d’investissement de Bouygues mais dans le fixe. Il rappelle à son partenaire qu’il n’investit pas dans la très coûteuse fibre optique, préférant s’appuyer sur l’infrastructure de Numericable.
S’il a souvent été question d’itinérance et du rythme de déploiement de Free Mobile, les enjeux semblent désormais se porter sur la mutualisation des réseaux. Les discussions entamées il y a plusieurs mois entre Bouygues Telecom et SFR sont sur le point d’aboutir. Les conseils d’administration des deux opérateurs se prononceront sur le lancement de cette nouvelle initiative ce vendredi.
L’idée est de monter une coentreprise qui serait présente sur la majeure partie du territoire à l’exception des grandes villes. Cette dernière lancerait un grand appel d’offres pour renouveler leurs équipements actifs et rationaliser les installations existantes.
Désormais, c’est Free qui s’inquiète qu’un tel accord puisse déstabiliser le marché. Dans son courrier, Maxime Lombardini demande à nouveau d’être invité à la table des négociations pour participer éventuellement à cet accord de mutualisation.