La Motorola Xoom n'a pas connu le succès commercial escompté. Mais utilisée par le projet OLPC de Nicholas Negroponte dans le cadre d'une expérience visant à vérifier certaines thèses constructionnistes, elle a au contraire dépassé les espérances.
Les tablettes distribuées étaient recouvertes d'une housse de la couleur verte emblématique du projet OLPC. Image Mike Lee.
Ces tablettes ont été distribuées dans deux villages éthiopiens reculés, Wonchi et Wolonchete, à des enfants de six à sept ans pour ainsi dire illettrés. Les adultes avaient été formés à l'utilisation de leur chargeur solaire ; mais les enfants n'ont reçu aucun manuel d'utilisation ni même d'aide. Le but était de savoir s'ils seraient capables non seulement d'utiliser ces tablettes en toute autonomie, mais même d'apprendre avec les applications préchargées sans la moindre intervention extérieure.
Les boîtes étaient fermées : « je pensais que les enfants joueraient avec les boîtes », explique Nicholas Negroponte, « au bout de quatre minutes, non seulement un enfant avait ouvert la boîte, mais il avait aussi trouvé l'interrupteur […] et avait démarré la tablette. » Une forme de contrôle parental a été activée sur ces tablettes pour empêcher la personnalisation de l'écran d'accueil, et un technicien passait chaque semaine relever les cartes SD pour recueillir les données d'utilisation.
Surprise : après seulement cinq jours, les enfants utilisaient en moyenne 47 applications par jour chacun ; au bout de deux semaines, ils chantaient l'alphabet dans le village. Plusieurs mois après le début de l'expérience, les enfants utilisent toujours régulièrement leurs tablettes et commencent à maîtriser des rudiments d'écriture.
Mieux encore : il a fallu cinq mois à des enfants pour outrepasser le contrôle parental. « Un idiot dans notre institution ou au Media Lab avait désactivé l'appareil photo » : les enfants ont réussi à trouver comment désactiver les limitations et ont ainsi activé l'appareil photo et pu personnaliser leur écran d'accueil. Ed McNierney, directeur du projet OLPC, s'en félicite : « [cela montre] le genre de créativité et de curiosité que nous pensons essentielle à l'apprentissage. »
Negroponte refuse de s'emporter face à ces premiers résultats très positifs : « nous devons continuer pendant un an et demi à deux ans pour arriver à une conclusion qui sera acceptée par la communauté scientifique. » S'il parvient à obtenir des fonds, le projet OLPC recommencera son expérience avec un nouveau village. Objectif : savoir si un enfant peut apprendre à lire de cette manière. Le projet OLPC travaille par ailleurs toujours à sa propre tablette, l'OLPC XO 3.0.