L'Amazon Appstore, la boutique d'applications Android d'Amazon, a fait sa réputation et en partie son succès grâce à la mise en avant, chaque jour, d'une application offerte gratuitement. Une offre qui amène de nombreux utilisateurs, certes, mais qui ne plait pas aux développeurs, et pour cause. Quand leur application est proposée gratuitement pendant une journée, ils ne gagnent rien du tout.
En échange d'une visibilité indéniablement supérieure, Amazon demande aux développeurs d'offrir leur application. L'idée n'est pas nécessairement mauvaise, on a vu le cas d'applications iOS qui ont décollé grâce à une courte période de gratuité… mais l'Amazon Appstore n'est pas l'App Store iOS. Pour beaucoup d'utilisateurs Android, il est surtout synonyme d'applications gratuites : ils viennent chaque jour se servir, mais n'achètent pratiquement jamais une application.
Les développeurs de Pocket Casts, application de récupération et d'écoute de podcasts vendue habituellement autour de 2 €, témoignent : les développeurs ne doivent pas tomber dans le piège tendu par Amazon et proposer leur application gratuitement sur l'Amazon Appstore. Le nombre de téléchargements a, certes, explosé pendant cette journée de gratuité : plus de 100 000 téléchargements, alors qu'il ne s'en vendait qu'une poignée les jours précédents. Comme prévu, ils n'ont rien gagné ce jour-là, même si un mail d'Amazon leur a annoncé des revenus exceptions de près de 55 000 $.
La colonne "Earnings" correspond à la somme gagnée par les développeurs, après retrait de la part d'Amazon. L'application a été proposée gratuitement le 27 juin (dernière ligne) et le chiffre sur la dernière colonne correspond aux revenus qu'auraient obtenu les développeurs si Amazon les avait payés.
Tout l'enjeu pour ces développeurs était de savoir si cette énorme publicité allait leur apporter des clients supplémentaires sur le long terme. Las, les ventes ont vite chuté pour retrouver leur niveau précédent et Amazon a même décidé, apparemment de manière unilatérale, de vendre l'application à 0,99 $ seulement pendant les quelques jours qui ont suivi. Le bilan pour ces développeurs est négatif : la majeure partie des clients potentiellement intéressés se sont servis sans payer ; la charge sur leur serveur a brutalement augmenté, les contraignant à payer pour renforcer leurs infrastructures ; ils ont reçu énormément de mails de support en une journée ; leur application n'a pas plus de succès aujourd'hui.
Amazon fait pression sur les développeurs pour qu'ils ajoutent leurs applications à l'Amazon Appstore et pour qu'ils la proposent gratuitement. Ces promotions leur profitent beaucoup plus qu'aux développeurs. Les concepteurs de Pocket Casts énumèrent les griefs adressés au magasin d'Amazon : la validation est longue (plus de deux semaines) ; Amazon peut modifier le prix d'une application sans prévenir, mais aussi la description de l'application ; Amazon ne fournit pas aux développeurs de rapports de bugs (contrairement à l'Android Market) ; l'entreprise paie ses développeurs beaucoup plus tard. Amazon a manifestement du mal à instaurer un climat de confiance avec les développeurs : pour supprimer son application, il faut… envoyer un mail à Amazon.
Le résultat ne se fait pas attendre : ce studio de développement quitte l'Amazon Appstore et se concentre sur l'Android Market. D'autres témoignages vont dans le même sens : Amazon va devoir agir rapidement pour rassurer les développeurs et leur donner une bonne raison de venir y vendre leurs applications. Sans cela, l'Amazon Appstore risque bien de rapidement perdre de son intérêt aux yeux des développeurs, du moins pour les petits développeurs.