La communication de Free sur les problèmes de son réseau continue d'être sujette à controverse : après avoir mis en place un système d'information sur les incidents techniques (lire Free Mobile communique enfin sur ses pépins), celle-ci se retrouve inexplicablement vidée de son contenu, alors qu'elle affichait auparavant un historique depuis le début du mois, et le problème toujours pendant de la congestion en soirée, qui devrait être résolu d'ici la mi-avril.
Avant…
…et après.
Free jouant les grandes muettes, le site Challenges a interrogé Jean-Luc Vuillemin, directeur technique "Réseaux & services" d'Orange.
Celui-ci nie toute responsabilité d'Orange et de son réseau sur les problèmes rencontrés par les abonnés de Free Mobile. Selon lui, les incidents sont dus à deux éléments : les infrastructures de Free, et une sous-estimation de la part de Free des interconnexions nécessaires avec le réseau d'Orange pour absorber le trafic.
Concernant les infrastructures, elles sont à l'origine des pannes des 2, 14 et 20 mars. Dans les deux premiers cas, c'est le système de référencement des abonnés (point de transfert de signalisation) qui a fait défaut : il s'agit du système permettant de rapatrier les informations concernant entre autres les droits de chaque abonné (voix, data, SMS…) qui sont renseignées dans une base de donnée de Free. Un dysfonctionnement d'un point de transfert de signalisation de Free a rendu les communications impossibles. Quant à la panne du 20 mars, elle est due à une micro-coupure de 50 secondes sur le réseau de Free entre Paris et Lyon, qui a provoqué un engorgement lorsque la connexion a été rétablie.
Concernant la saturation en soirée, là encore le responsable d'Orange pointe Free du doigt : Orange ne peut mettre à disposition que les liens d'interconnexion que Free lui demande. Si Jean-Luc Vuillemin assure que le réseau d'Orange a amplement de quoi prendre en charge les abonnés de Free (son réseau a une capacité de 30 à 35 millions de personnes, alors qu'Orange a aujourd'hui 27 millions d'abonnés), encore faut-il que les prévisions de son partenaire soient à la hauteur de la demande effective, ce qui jusqu'ici n'a pas été le cas.
Concernant le réseau de Free, le responsable d'Orange indique qu'il faut deux ans et demi après la prise de décision pour qu'une installation d'antenne soit effective, et qu'il faut 10 000 antennes pour disposer d'une bonne couverture. D'autre part, le passage à la 4G exigera des antennes compatibles avec la bande de fréquence de 2,6 GHz (qui est celle obtenue par Free pour son attribution de la licence 4G), alors que Free ne déploie pour l'heure, à la connaissance de Jean-Luc Vuillemin, que des antennes compatibles 900 MHz ou 2,1 GHz. Il faut également mettre à jour les équipements pour les rendre compatible 4G, ce qui se fait en ajoutant 2 ou 3 cartes. En revanche, chaque point d'émission devant pouvoir gérer 450 Mb/s, il faut relier les antennes au cœur de réseau en fibre optique.
Interrogé au sujet de l'accord d'itinérance qu'Orange se réserve le droit de révoquer si la qualité de service à ses propres abonnés devait pâtir de sa collaboration avec Free, Jean-Luc Vuillemin indique que le cas de figure est couvert par les clauses du contrat qui unit les deux opérateurs, et que celui-ci est confidentiel.