Motorola Mobility va subir une sévère restructuration, quelques mois après la finalisation de son acquisition par Google. Le cinquième de ses 20 000 employés va être licencié, dont 1 300 aux États-Unis, et une trentaine de ses installations vont être fermées. Près de la moitié des anciens vice-présidents de la société ont déjà été remerciés.
Ancien directeur de la publicité chez Google et désormais CEO de Motorola Mobility, Dennis Woodside a exposé au New York Times la nouvelle stratégie du fabricant de téléphones : produire moins, mais produire mieux. Motorola Mobility devrait donc se focaliser exclusivement sur les smartphones, et réduire son catalogue à une poignée de modèles seulement. Société pionnière dans le domaine des télécommunications, Motorola Mobility devrait à nouveau se différencier par des technologies novatrices.
Les opérations de recherche et développement vont ainsi être concentrées à Chicago, Sunnyvale et Pékin au lieu d'être disséminées. Les technologies les plus avancées seront le fruit du département « Advanced Technology and Projects », un groupe de quelques douzaines de personnes formé comme une start-up, une approche similaire des Skunk Works de Lockheed Martin ou de l'Advanced Technology Group d'Apple (QuickTime, HyperCard, AppleScript, data detectors, etc). De la Darpa dont elle a été la directrice, Regina Dugan, qui chapeaute ce groupe, y importera une culture de l'urgence : les contrats seront limités à deux ans.
Les cultures de Motorola et de Google doivent progressivement se rejoindre : la communication entre les différents groupes va être améliorée, et des ingénieurs de Google pourront être détachés pendant un ou deux ans chez Motorola. Pour des raisons réglementaires, les deux entreprises devraient néanmoins rester imperméables l'une à l'autre, ce qui peut poser des problèmes : la communication avec l'équipe Android est parfois plus difficile pour Motorola que pour Samsung ou HTC. Motorola ne sera pas non plus favorisé dans l'attribution des projets Nexus.
Certains croient néanmoins que Google pourrait être tenté de suivre le modèle d'Apple avec Motorola. Le New York Times évoque ainsi « un téléphone conçu par Google du matériel au logiciel, peut-être en créant un système d'exploitation spécifique à Motorola que les autres fabricants ne pourraient pas utiliser. » Google mettra-t-il fin à la fiction de l'ouverture totale d'Android en privatisant complètement son écosystème au service de Motorola, tout en préservant une version open-source et générique pour les autres ? Il est en tout cas certain que Google sait faire ce que Motorola ne sait pas faire, et inversement.