Voilà plusieurs mois que France Telecom se plaint du fait que les acteurs majeurs d'Internet profitent de ses propres investissements dans son réseau sans jamais mettre la main à la poche — des investissements qui sont malgré tout supposés être financés par les abonnements de leurs propres clients, et qui ne semblent pas jusqu'ici avoir rendu Orange ou France Telecom déficitaires pour autant, loin s'en faut.
Malgré tout le PDG de France Telecom, Stéphane Richard, semble marquer des points auprès des acteurs en question, et particulièrement Google, à en croire une dépêche de Reuters. Celle-ci rapporte que Stéphane Richard a déclaré mercredi être en discussion avec Google sur « une segmentation plus poussée de l'accès au réseaux, en faisant payer plus cher aux usagers qui veulent un meilleur service : une connexion plus stable, plus rapide ou prioritaire ».
Voilà qui ouvrirait la porte à un réseau à deux vitesses, et serait en contradiction avec la Neutralité du Net. Un tel accord pourrait aboutir à avoir des internautes de première classe, servis en priorité par Google parce qu'ils sont clients de l'offre premium de France Telecom, et des internautes de seconde zone qui devraient prendre leur mal en patience, le temps que les accès prioritaires soient servis (en échange d'un forfait plus élevé). En suivant ce modèle, Google et France Telecom se partageraient les revenus supplémentaires de cette segmentation. « Larry Page m'a dit qu'ils étaient ouverts d'esprit sur ce sujet et prêts à ouvrir des discussions », déclare le PDG de France Telecom.
Ce qui serait vendu comme un "plus" ne serait en fait qu'un "pas moins", puisque ce traitement prioritaire serait fabriqué de toutes pièces et non un service supplémentaire : tous ceux qui payent pour un forfait classique auraient une moindre qualité de service que précédemment…
Google avait déjà défrayé la chronique à ce sujet, avec un premier retournement de veste concernant la Neutralité du Net en août dernier (lire Google et Verizon : fin de la neutralité du net ?). Après avoir soutenu le principe des années durant, Google a indiqué qu'elle considérait qu'il ne s'appliquait pas nécessairement aux connexions mobiles à Internet.
La neutralité du réseau est d'ores et déjà mise à mal par les opérateurs de téléphonie mobile, qui exigent des surplus à leurs forfaits en fonction du type même de données transitées (mode modem ou voix sur IP, par exemple). Résolument, la perspective de devenir de simple gestionnaires de tuyaux ne les enchante guère.

