La guerre d'intox se poursuit dans l'industrie du mobile. Alors que l'Arcep espérait apaiser le climat avec sa décision de réexaminer l'état de couverture de Free Mobile (lire : Free Mobile : l’ARCEP s’en mêle), les esprits continuent de s'échauffer en coulisse.
Chaque jour nous réserve son lot de surprises. Il y a quelques jours, plusieurs rédactions avaient reçu ces fameuses photos montrant soi-disant une installation Free Mobile fonctionnant à l'aide d'une Freebox. Vendredi, c'est la boite aux lettres d'un des journalistes du Point, qui comprenait quelques messages "assez savoureux". Un grand opérateur qualifie le communiqué de l'Arcep de "honte". Et les témoignages visant à discréditer le réseau de Free se poursuivent au téléphone. Extraits choisis : "Ce réseau n'est plus allumé, et il ne l'a jamais été depuis le lancement", "Leur réseau est inutilisable, car il a été fait à la va-vite". On notera au passage un propos intéressant d'un cadre d'Orange. Ce dernier affirme que l'opérateur historique aurait fait payer très cher à Free le fait de faire disparaître sa marque, lorsqu’un utilisateur Free se connecte à son réseau.
Free a joué la carte de l'apaisement dans un premier temps du moins. Maxime Lombardini estime que la décision de l’Arcep va "dépassionner le débat". Mais le trublion de l'internet ne se laisse pas faire et passe en même temps à l'offensive. PC Inpact a reçu "comme par miracle" des photos de la fameuse NodeBox, dans un cadre pour le moins surprenant. Développée en interne, cette box qui assure le lien entre une station et le reste du réseau Free Mobile, comprend une prise ADSL, RS232, une connexion fibre, quatre ports RJ45, quatre ports SHDSL (en 6 Mbps), accompagnés de deux redresseurs 48V et deux batteries d’une autonomie totale de deux heures. À noter que Free Mobile a bel et bien utilisé des Freebox V5, mais uniquement dans le cadre de ses tests.
C'est ensuite sur Twitter que Xavier Niel est passé à l’offensive. Il s'en est pris au système de portabilité lequel n'est semble-t-il toujours pas monté en régime. Il permet de traiter 40 000 dossiers par jour. Lors de son passage à la Commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, le dirigeant de Free avait dit espérer que sa capacité serait doublée d'ici la fin de la semaine (lire : Free riposte aux attaques de ses concurrents). Cela ne semble pas être le cas. Dans ses tweets, il invite le ministre à "faire son job" et à "agir dans l'intérêt du consommateur en imposant le respect de la loi' soit une portabilité en trois jours et de conclure "agissez plus, parlez moins !", un slogan que ferait d'ailleurs bien de méditer tous ceux qui ambitionnent de se présenter à l'élection présidentielle dans quelques mois.
Xavier Niel visait Éric Besson, ministre de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique, qui s'était récemment signalé dans cette affaire en écrivant à l'Arcep pour qu'elle vérifie le taux de couverture de Free Mobile. Le ministre n'a pas tardé à réagir, toujours sur Twitter, en affirmant "agir dans l'intérêt du consommateur" et promet d’en rediscuter très prochainement avec Xavier Niel.
Autre escarmouche, celle entre le ministre de l'Industrie et le régulateur. Alors que le premier a émis des doutes concernant les contrôles du second qui seraient peut-être "insuffisants", l'Arcep a souhaité avoir à sa disposition les moyens techniques de l'Agence National des Fréquences (ANFR). Celle-ci, selon un opérateur, aurait d'ores et déjà effectué des tests montrant que le réseau Free Mobile est éteint, et d'ajouter que le régulateur a fait preuve d'une "hallucinante bienveillance" envers Free Mobile.
Des propos à prendre avec des pincettes sans doute destinés à décrédibiliser Free, car tout cela se résume en une question : si le réseau de Free Mobile est si défaillant que cela, qu’attendent les opérateurs pour saisir l’Arcep ?
Le gendarme des télécoms devrait commencer ses tests dès lundi. En attendant, entre les personnes qui sont déjà des clients actifs et ceux qui attendent leur portage, Free Mobile aurait d'ores et déjà dépassé le cap du million d'utilisateurs.
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