Comme HP, RIM est un peu à l'écart du Mobile World Congress dans le App World, un pavillon réservé aux développeurs. Le fabricant canadien met donc l'accent sur ses solutions pour les entreprises et sur le développement pour sa plateforme, mais on croise aussi sa tablette, le BlackBerry Playbook.
iPhone contre Playbook : le format 7" peut-être tenu à une seule main, même si le Playbook est un peu épais.
On sent que ce Playbook a été conçu pour l'entreprise : son design est tout en sobriété, la face avant ne comportant aucun bouton ; son format compact (7") et ramassé (16:9 wide, 1024x600) tient bien en mains, ou plutôt en main ; malgré sa légèreté (400 grammes), il est dense, ce qui ajoute à l'impression de solidité. Bref, la firme de Waterloo semble avoir retrouvé les niveaux de qualité qui ont fait sa réputation.
Le Playbook n'utilise pas BlackBerry OS mais QNX, un OS temps réel bien connu dans le monde de l'entreprise et de l'embarqué. Il tourne sur un processeur TI OMAP 4430 double-cœur cadencé à 1 GHz secondé par 1 Go de RAM : la chose est extrêmement rapide, les animations sont fluides, et l'on retrouve le défilement inertiel inauguré par Apple qui permet d'accentuer cette impression.
Comme l'a fait remarquer Jon Rubinstein de HP, RIM n'est pas allé chercher bien loin les concepts de son interface : les habitués de webOS reconnaîtront la métaphore des cartes, l'apparition du menu par un geste tactile du bas vers le haut, la fermeture d'une application par l'éjection de sa carte vers le haut. De même, l'interface de la galerie photo est un clone de celle de l'iPad. Le tout fonctionne chez la concurrence, et fonctionne très bien ici.
Par défaut, on ne pourra pas accéder aux services BlackBerry (BES) avec le Playbook : il faudra pour se faire la connecter via Bluetooth à un BlackBerry. Cela ne veut pas pour autant dire qu'il n'y aura pas de client mail ou d'application de calendrier sur le Playbook, ou qu'il faudra absolument passer par le Web : rien n'empêche un développeur de proposer de telles applications de tierce partie — mais elles se limiteront à l'IMAP, au WebDAV, ou d'autres technologies, et n'auront pas accès aux services BlackBerry.
Le navigateur du Playbook est très rapide. Tellement, en fait, qu'on en fait des photos floues.
Lors de son lancement, le Playbook devrait être fourni avec Tetris et Need for Speed: Undercover, le deuxième étant censé être une démonstration des capacités graphiques de cette tablette. Le problème est justement de définir la date de lancement : on avait parlé de mars, mais off-camera, on nous a confié que le Playbook a toujours un problème d'autonomie. Il ne viendrait pas de la puissance des composants ou d'une batterie sous-dimensionnée, mais de QNX lui-même, qui serait un OS extrêmement exigeant. On parle donc désormais d'un lancement reporté au deuxième trimestre.
À ce moment-là, le Playbook sera disponible dans pas moins de quatre versions : une version WiFi, une version WiFi + WiMax (États-Unis), une version WiFi + 3G (HSPA+, celle qui fonctionnera chez nous) et une version 4G LTE. Impossible de faire avouer aux représentants de RIM un prix indicatif, mais un hochement de tête nous a confirmé que l'on serait plutôt du côté du début de la gamme tarifaire de l'iPad (500 €) que de la fin (800 €).
Si RIM parvient à régler les derniers problèmes de son système, elle tiendrait là une tablette particulièrement intéressante, autant du point de vue du matériel (solide, classieux) que du point de vue du logiciel (fluidité, interface). Bref, le Canada a créé une alternative digne d'intérêt.