Avec son offre 4G, Free Mobile a mis le monde des télécoms en ébullition. Dans un entretien donné au JDD, Xavier Niel répond à Arnaud Montebourg et Stéphane Richard qui l’ont beaucoup critiqué ces derniers jours.
Après un « tweet-clash » entre le cofondateur d’Iliad et le ministre (lire : Xavier Niel et Arnaud Montebourg s'écharpent sur Twitter), ce dernier a récemment déclaré sur France 2 « j’ai appelé Xavier Niel, et on va se voir entre hommes, on va se causer ». Pour sa part, Xavier Niel prend les choses avec philosophie. Il avoue que les relations tendues avec l’exécutif ne datent pas d’hier. C’était déjà le cas avec la majorité précédente.
Un ministre « visionnaire »
Xavier Niel brosse Arnaud Montebourg dans le sens du poil affirmant qu’il avait été visionnaire quand il avait tweeté il y a deux ans que sa compagnie avait fait beaucoup pour le pouvoir d’achat des Français. Il ajoute toutefois que le ministre du redressement productif s’est fait « abuser par les trois autres acteurs du marché ». Niel a rappelé notamment que les trois opérateurs historiques ont versé 3,9 milliards d’euros de dividendes. Et de glisser sur le terrain politique en déclarant « Ces dividendes sont majoritairement versés à des actionnaires étrangers. C’est un choix de récompenser les fonds de pension des retraités de Floride ». Et d’ajouter en se posant en victime : « Chez Free, les faibles dividendes restent majoritairement en France, où nous utilisons aussi tout notre cash pour investir ».
4G : la vision très originale de Xavier Niel
L’autre aspect intéressant de l’interview concerne la réponse faite à Stéphane Richard. Ce dernier avait jugé que la 4G de Free Mobile était du « vent » (lire : Stéphane Richard : tous les réseaux 4G ne sont pas égaux). Niel se montre assez incisif, estimant que le patron d’Orange « est encore jeune dans le métier ». Pour Xavier Niel, la vraie 4G, c’est uniquement quand on peut proposer une vitesse de téléchargement supérieure à 80 mégabits.
S’appuyant sur les chiffres de l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences), Free a 700 antennes, contre 530 pour Bouygues Telecom et 724 pour SFR. Seul, Orange en a beaucoup plus (3338). Pour Niel, « les autres antennes ne font pas du haut débit, elles ne servent qu’à afficher sur votre téléphone ».
Le point de vue de Xavier Niel est à la fois intéressant et polémique. Pour le comprendre, nous vous invitons à relire notre article « 4G LTE : explications sur les bandes de fréquences ». Dans son décompte, Xavier Niel prend en compte uniquement les antennes qui émettent dans la bande des 2600 MHz. Cette fréquence couvre une surface réduite et traverse moins facilement les murs, mais c’est elle qui offre les meilleurs débits. Au passage, sur cette fameuse bande, seuls Free Mobile et Orange disposent de 20 MHz en duplex, ce qui permet avec des téléphones compatibles d’avoir des débits de 150 mégabits. Voilà pour la théorie…
Dans le reste de l’entretien, Xavier Niel estime que les opérateurs ont trop voulu faire payer la 4G à leurs clients. Pour lui, les 3,6 milliards d’euros déboursés par les opérateurs pour les fréquences 4G reviennent à 30 centimes par mois et par abonnés si on les ramène sur 20 ans.