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Test du ZTE Open et de Firefox OS

Stéphane Moussie

lundi 23 septembre 2013 à 11:40 • 5

Matériel

Nouveau venu sur le marché ultraconcurrentiel du smartphone, Mozilla adopte avec Firefox OS une stratégie singulière pour un objectif qui l'est tout autant : « unifier toutes les plateformes » grâce à un système qui repose entièrement sur des technologies web. Les premiers terminaux Firefox OS ne rivalisent pas avec les smartphones d'Apple ou de Samsung, bien au contraire. La fondation cible pour le moment intentionnellement les marchés émergents (ou contraints économiquement), où les smartphones ne sont pas partout démocratisés, avec des appareils très abordables. Le ZTE Open est l'un d'entre eux. Disponible en Espagne chez Movistar sans abonnement à 69 € (avec 30 € de crédit de communication offerts), on peut aussi l'acquérir sur eBay au même prix et le faire livrer en France. Que valent Firefox OS et ce terminal à prix plancher ? Réponse dans notre test du ZTE Open.

Un appareil très basique

À un tel prix, 70 €, pas de place pour des fioritures. Le design du ZTE Open est sans originalité, mais fonctionnel. Le terminal n'est pas déplaisant en main, même si on constate immédiatement qu'il s'agit d'un produit cheap. Ses dimensions sont similaires à celle de l'iPhone 3GS : 114 mm × 62 mm × 12,5 mm. Il est légèrement plus lourd : 140 g contre 133 g pour l'iPhone de 2008. Le bouton présent sur la face avant, qui a la même fonction principale que celui de l'iPhone (retour à l'écran d'accueil), est sensitif et éclairé quand le terminal est allumé. Il n'a pas de retour haptique, mais le téléphone vibre légèrement quand on le touche. Sur la tranche gauche se situent les boutons de contrôle du volume. La tranche supérieure accueille la prise casque et le bouton de verrouillage. Le connecteur micro USB, qui sert à recharger l'appareil et à le connecter à un ordinateur, se trouve sur le bas du mobile. Le ZTE Open est fait entièrement en plastique. Une égratignure est déjà présente dans le coin en haut à droite alors que le mobile a subit une utilisation normale durant les deux semaines de tests (pas de chutes, pas de contacts avec des clés). La durabilité de ce plastique bas de gamme pose donc question. Le smartphone du constructeur chinois ne partage pas seulement ses dimensions avec l'iPhone 3GS, il a aussi une fiche technique assez proche. Son processeur est un Snapdragon S1 MSM7225A mono core à 600 MHz, soit la même fréquence que celui de l'appareil d'Apple. Le ZTE Open a également 256 Mo de RAM et un capteur photo de 3 MPX. En revanche, il a seulement 512 Mo de stockage. Un lecteur de carte micro SD est heureusement disponible pour étendre sa capacité. Pour y accéder, il faut retirer la coque arrière et la batterie. Même chose pour la Micro SIM. Pas très pratique. À noter que pour prendre des photos et stocker des contenus (vidéos, musique...), la carte micro SD est indispensable. Il n'est pas possible d'enregistrer ces éléments sur la mémoire du téléphone. L'écran 3,5" a la même définition que celui de l'iPhone 3GS, 320 x 480 pixels, mais c'est la seule chose qu'il partage avec lui. Il est peu réactif et peu précis. Il faut parfois s'y reprendre à deux fois pour taper sur le bon bouton. De plus, l'écran tire vers le bleu et il est peu lumineux. En plein soleil, il est très difficilement lisible. En un mot, il est médiocre. L'appareil photo est anecdotique, tout comme la caméra. Ils peuvent juste servir à dépanner. Ce n'est pas le seul problème du ZTE Open. Si, à l'époque, iPhone OS tournait de manière fluide sur iPhone 3GS, on ne peut pas en dire autant de Firefox OS. Le système n'est pas foncièrement lent — les applications se lancent à une vitesse convenable —, mais les animations sont souvent saccadées et les web apps un tantinet sophistiquées mettent à mal le processeur. Il arrive parfois que le téléphone se fige totalement pendant quelques secondes quand on va trop vite pour lui. C'est le cas par exemple quand on passe rapidement d'une « grosse » app à une autre. De plus, à cause du peu de RAM, le multitâche, qui s'active avec un appui long sur le bouton central, perd de son intérêt. Si l'on quitte le navigateur pour une autre app et que l'on revient ensuite au navigateur, celui-ci devra recharger entièrement la page… quand les applications précédemment utilisées ne disparaissent pas purement et simplement de l'écran du multitâche. L'autonomie est dans la moyenne : autour d'un jour suivant l'utilisation.

Un système incomplet

Basé sur Gecko et open source, Firefox OS ne réinvente pas la roue en matière d'interface, et ce n'est pas plus mal. On est en terrain connu et ceux qui n'ont jamais utilisé de smartphones devraient vite saisir la logique. Le premier écran affiche uniquement l'heure et la date. On trouve en bas un dock que l'on peut faire défiler horizontalement pour glisser plus d'applications que la largeur de l'interface. À gauche de l'écran se trouve la « recherche intelligente d'applications ». Des apps sont regroupées par catégorie et un moteur de recherche est disponible. Il s'agit d'un moyen pour trouver des applications sans passer par le Firefox Marketplace. À droite de l'écran d'accueil se situe la grille d'apps. Il n'est pas possible de créer des dossiers et on ne peut pas déplacer une application sur un autre écran tant que le premier n'est pas plein. Ce n'est pas rédhibitoire, mais un peu plus de souplesse serait souhaitable. Firefox OS a aussi son centre de notifications qui s'ouvre de la même façon que sur iOS, d'un glissement du haut de l'écran vers le bas. Il contient donc les dernières notifications, mais aussi des boutons pour (dés)activer le Wi-Fi, la DATA, le Bluetooth, le mode avion et accéder aux réglages. Le système comprend toutes les applications de base : client email, carnet d'adresses, calendrier, horloge, téléphone... Le navigateur est bien entendu Firefox. Malheureusement, alors que le système est censé mettre en avant le web, Firefox déçoit très largement. Des fonctions pourtant évidentes ne sont pas présentes : pas de mode de navigation privée ; pas de Firefox Sync, l'outil qui sert à synchroniser ses données Firefox entre différentes plateformes ; pas de prise en charge des thèmes ou des extensions ; pas d'option pour forcer la version ordinateur d'un site... On peut aussi s'étonner du fait que Do Not Track, qui permet de spécifier aux sites web que l'on ne souhaite pas voir ses informations de navigations utilisées pour recevoir des publicités ciblées, ne soit pas activé par défaut, alors que Mozilla est à l'origine de l'initiative et que c'est le cas pour Safari depuis longtemps.
Les onglets de Firefox et ses options très succinctes
Outre de grosses lacunes au niveau des fonctions, le navigateur offre une expérience utilisateur mauvaise. La fonction de zoom (double tap) n'est pas aussi précise que sur les autres systèmes et le défilement saccade. Les sites « lourds », qui font un fort usage de JavaScript par exemple, sont longs à charger. Les autres applications par défaut ont aussi des lacunes incompréhensibles. Le carnet d'adresses n'intègre pas le standard CalDAV pour synchroniser ses contacts, et la fonction pour importer ses contacts de Facebook ne fonctionne pas sur ce terminal. Le problème est reconnu par Mozilla et il n'y a apparemment aucune solution pour le moment. Au niveau du système en lui-même, il n'y a aucun moyen de verrouiller la rotation de l'écran.

Le web comme applications

Le fait que les performances web soient mauvaises pose un véritable problème puisque le système fait justement le pari des web apps. Cette stratégie présente plusieurs avantages — ouverture à toutes les plateformes, langage déjà connu par une large communauté... —, mais le ZTE Open n'est tout simplement pas à la hauteur.
La fonction pour ajouter un site/web app sur l'écran d'accueil
L'excellente web app de météo Forecast est un très bon exemple du problème. Forecast, qui pourrait se faire passer pour une application native sur iOS tellement elle est bien réalisée et fluide, est moins efficace sur ce téléphone. Les animations ne sont pas fluides et la géolocalisation est moins précise. Celle-ci est même systématiquement approximative, jusqu'à plusieurs centaines de mètres.
Proposition d'évolution du Firefox Marketplace par un designer stagiaire de Mozilla
Le Firefox Marketplace est l'App Store de Firefox OS. On y trouve Facebook, Twitter, SoundCloud, Jolidrive, Wikipedia, Box... Il comprend actuellement environ 1 770 applications. En réalité, ce chiffre ne veut pas dire grand-chose. N'importe quelle web app est « compatible » avec Firefox OS, même si elle n'apparaît pas sur le Firefox Marketplace. C'est le cas par exemple de Forecast. Mozilla compte donc sur les développeurs web pour faire l'effort de proposer des versions adaptées aux mobiles de leur site ou de leur service. Les indispensables Facebook, Twitter, et tous les services Google sont donc accessibles. En revanche, l'offre de jeux est quasiment inexistante. Il faut se contenter aujourd'hui de jeux très basiques et inintéressants. D'autres applications populaires (Instagram, WhatsApp, Skype, Shazam...) sont elles aussi absentes, car elles n'existent pas sous la forme d'un site web.

Trop de concessions

Le bilan est amer. Sur le papier, Firefox OS est intéressant : il est ouvert, communautaire et tourné entièrement vers le web. Mais le renard est encore trop jeune. Cette version 1.0 comprend tout juste le strict minimum. On ne peut que s'étonner des lacunes énormes du navigateur, un point sur lequel Mozilla était attendu au tournant compte tenu du positionnement de la plateforme et du nom du système. Il faut espérer que le développement au pas de course permette de combler les principales carences sans trop tarder. Quant au ZTE Open, il est pénible à utiliser. Son écran est médiocre, tout comme ses performances, et sa fiabilité est mauvaise. Le principal argument du ZTE Open, c'est son prix, 70 €. Mais à seulement 10 € de plus, on trouve le Wiko Ozzy, qui est mieux équipé (processeur dual core 1 GHz, 4 Go de stockage, double SIM) et qui tourne sous Android Jelly Bean.

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