Le rêve américain de Xavier Niel va-t-il l'écarter du marché français ? À l'en croire, non. Le fondateur de Free a déclaré au Wall Street Journal que même si son entreprise parvenait à acheter l'opérateur américain T-Mobile pour 16 milliards de dollars, il devrait toujours avoir la capacité d'« acheter des petits morceaux de Bouygues Télécom si Orange décide de renégocier ».
Que vient faire Orange dans cette histoire ? Après avoir annoncé début juillet par un communiqué qu'il ne participera pas « à une opération de consolidation du marché français des télécoms », l'opérateur historique s'est montré moins catégorique seulement quelques jours plus tard. « D'un point de vue concurrentiel, nous ne prendrons pas le risque de repartir sur ce dossier. Mais si quelqu'un d'autre décide de le faire et nous sollicite (...) pour, peut-être, permettre d'élaborer une offre qui peut satisfaire Bouygues, bien sûr qu'on regardera », a déclaré le PDG Stéphane Richard. Et pour éviter un déséquilibre concurrentiel, Orange pourrait alors céder une partie de Bouygues, par exemple son réseau, à Free.
Alors, ira ou ira pas ? Bouygues Telecom a répondu à ces multiples déclarations en publiant à son tour un communiqué de presse laconique hier :
Bouygues rappelle que Bouygues Telecom poursuit la mise en place de son plan de transformation annoncé le 11 juin 2014 visant à lui garantir un avenir autonome. De plus, le Groupe n’a reçu à ce jour aucune offre de rachat pour sa filiale Bouygues Telecom.
Faut-il interpréter la dernière phrase comme un appel du pied pour recevoir une offre d'acquisition en bonne et due forme ? Xavier Niel se plaignait en effet du manque de clarté de l'opérateur : « Nous leur avons dit : soit vous nous dîtes que vous êtes vraiment à vendre, soit nous allons nous tourner vers d’autres options et il sera difficile d’y revenir plus tard. »
En attendant la prochaine péripétie, Stéphane Richard s'amuse de l'ambition américaine de son plus féroce concurrent : « Xavier Niel en Amérique : on attend tous les forfaits à 2 $... » Une boutade qui pourrait bien ne pas être qu'une blague, puisque Free compte exporter sa stratégie de réduction des coûts et des factures aux États-Unis si l'affaire avec T-Mobile devait se conclure. À moins que cet intérêt pour T-Mobile ne soit un énième coup de poker afin de négocier plus durement avec Bouygues ? Réponse au prochain épisode.