Selon l’Arcep, « environ 3,7 millions de clients […] ont utilisé au moins une fois le réseau 4G au cours des trois derniers mois pour se connecter à internet ». Un chiffre qui peut sembler n’avoir que faiblement augmenté depuis le début de l’année où les trois premiers opérateurs annonçaient un million d’abonnés 4G LTE chacun, mais l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes comptabilise « uniquement des clients actifs », alors que « certains » opérateurs « comptabilisent les offres 4G commercialisées ».
Des opérateurs qui continuent à investir, quoiqu’Orange le fasse depuis plusieurs mois à un niveau supérieur à celui de ses concurrents. L’opérateur historique a mis en service 112 nouveaux supports 4G au mois de juin : il est en passe de dépasser Bouygues Telecom qui avait profité du refarming pour couvrir rapidement 70 % de la population. Les deux opérateurs détiennent aujourd’hui plus de 70 % des autorisations d’installations très haut débit, SFR et Free marquant le pas en la matière.
Le chiffre d’affaires des opérateurs continue de baisser, comme il le fait de manière ininterrompue depuis le deuxième trimestre 2011. Mais il baisse moins vite qu’avant : à 3,4 milliards d’euros HT, il recule de 13,4 %, alors que le repli pouvait atteindre 15,7 % l’an dernier. Reste qu’à force de promotions, ventes privées et petits cadeaux, les opérateurs continuent de rogner sur leurs marges. La facture mensuelle moyenne s’établit à 16,1 € par mois, un montant en baisse de 3 € en un an — et qui devrait continuer à baisser.
C’est en tout cas ce que souhaite Bouygues Telecom, qui va se lancer dans une guérilla commerciale avec une structure « allégée », à défaut d’avoir réussi à se vendre. Un opérateur qui a vertement tancé l’Arcep sur son rôle dans l’arrivée de Free Mobile sur le marché, en oubliant son rôle dans l’autorisation du refarming des fréquences EDGE en fréquences 4G LTE, qui lui a bien profité. Des propos qui ont irrité Jean-Ludovic Silican, le président de l’Arcep, qui accuse Bouygues Telecom de vouloir « capturer un régulateur […] en menant une intense action de lobbying auprès du Gouvernement et du Parlement ».
Or « l’expérience montre, en tout cas dans le secteur des télécommunications, que les pouvoirs publics ont la lucidité et la sagesse d'être peu sensibles à ces pratiques », d’autant moins que « les autorités de régulation sont indépendantes des acteurs économiques qu'elles régulent et du gouvernement ». Un rappel qui ne s’impose peut-être pas qu’au troisième opérateur, mais aussi à un gouvernement qui a voulu démanteler le régulateur, jugé trop puissant et trop indépendant dans un secteur trop stratégique pour ne pas être repris en main par l’État.