Xavier Niel avait milité pour que Bouygues Telecom s'empare de SFR afin de récupérer le réseau du premier. Un plan malin qui ne s'est pas réalisé car c'est Numericable qui a acheté l'opérateur au carré rouge, mais Free pourrait avoir une seconde chance.
D'après Les Échos, Orange et Bouygues étudient sérieusement un achat du second par le premier. Pour faire passer la pilule auprès de l'Autorité de la Concurrence, Orange pourrait vendre le réseau du troisième opérateur et une partie de ses fréquences à Free.
Une opération gagnant-gagnant en quelque sorte. D'un côté, l'opérateur historique ferait rentrer de l'argent dans les caisses en vendant un réseau dont il n'a pas particulièrement besoin — il vient de passer devant Bouygues en nombre de supports 4G en service. De l'autre côté, Free disposerait d'un seul coup d'un grand réseau et de nouvelles fréquences, alors que l'ARCEP doute de la vitesse du déploiement de son réseau maison.
Une opération qu'Orange compterait monnayer environ 2,3 milliards d'euros (1,5 milliard d'euros pour le réseau et 800 millions d'euros pour les fréquences). C'est une somme supérieure à celle qui était annoncée dans le cas du mariage Bouygues-SFR (1,8 milliard), mais Free est en très bonne santé financière et cela résoudrait le problème du déploiement.
Free pourrait bien ne pas être le seul à s'emparer d'une partie de Bouygues s'il venait à rejoindre Orange. Sur BFM Business, le PDG de SFR a fait part de son intérêt pour « la base clients fixe de Bouygues » et « la base entreprise de Bouygues pour renforcer ces métiers chez SFR ».
Le déploiement de la fibre dans l'équation
En parlant de SFR, l'État redouterait que sa fusion avec Numericable ne freine son investissement dans la fibre et ne mette à mal l'objectif présidentiel de couvrir toute la population en très haut débit d'ici 2022. Toujours selon Les Échos, c'est là qu'intervient Free : l'État, premier actionnaire d'Orange, autoriserait la vente du réseau de Bouygues si Free s'engage à co-investir sur la fibre aux côtés d'Orange. Ce que Free serait prêt à faire en dépensant 300 millions d'euros par an pendant cinq ans.
Dans le même temps, John Cioffi, l'inventeur du DSL, estime que « le cuivre sera encore là dans cent ans ». Dans une interview aux Échos, il juge que le déploiement de la fibre sur l'ensemble du territoire est trop coûteux : « Pour équiper 10.000 personnes, c'est merveilleux. Mais s'il n'y a que dix foyers abonnés, c'est effrayant. » Et de souligner qu'il y a encore des progrès à faire avec le cuivre, en nommant le G.Fast, une nouvelle technologie qui permet d'atteindre des débits de l'ordre du gigabit par seconde.