L'annonce de la fermeture programmée de VirginMega.fr le 31 décembre n'a rien modifié du côté de l'administration de la boutique, qui continue de promouvoir ses contenus sur Facebook comme si de rien n'était. L'échoppe en ligne a pourtant prévenu ses clients qu'il leur faudra récupérer leurs musiques, vidéos et livres numériques avant la date fatidique : après, le contenu pourtant dûment acheté ne sera plus disponible.
Digital Virgo, propriétaire de la marque depuis l'été 2013, n'a pas répondu à nos sollicitations; mais nous pouvons lever un coin du voile sur les coulisses de VirginMega.fr grâce au témoignage d'un ex salarié. Il a travaillé plusieurs années chez l'éditeur; il a assisté à distance à l'intégration douloureuse de l'équipe de la boutique au sein du groupe (qui détient également paruvendu.fr).
Une opportunité financière temporaire
En 2013, lors de l'acquisition de VirginMega.fr, Digital Virgo assurait de sa volonté de transformer la boutique en passage incontournable pour l'internaute qui cherche à se procurer légalement du contenu en ligne. Avoir à son catalogue la « première plateforme de téléchargement légal en France » — comme VirginMega.fr se présente — « était juste une opportunité financière temporaire et une obligation vis à vis d'un des produits de la boite », explique notre informateur. Digital Virgo est l'opérateur qui se cache derrière MegaVod, un service de VoD dont la sélection de films se base intégralement sur le catalogue de VirginMega.fr. Ce dernier et Digital Virgo co-éditaient d'ailleurs cette boutique.
« À la chute de Virgin, [Digital Virgo] perdait son fournisseur et risquait donc de mettre le produit en péril. Seule solution, racheter VirginMega pour intégrer les contenus légalement ». Digital Virgo a acquis VirginMega.fr, ses 5 000 films, 10 000 morceaux et 160 000 livres numériques, pour 100 000 euros. L'opération a été réalisée avec comme objectif inavoué de « tuer la marque (et ses effectifs) à très court terme ». De fait, l'éditeur n'aurait jamais cherché à intégrer la dizaine d'employés de VirginMega.fr : « On les avait entassés sur des tables ayant deux fois moins de place que tous les autres, ça sentait le temporaire à plein nez ».
Employés et clients logés à la même enseigne
Mis sous pression par la direction, plusieurs membres de l'équipe de VirginMega.fr ont démissionné. Les derniers des Mohicans ont fini par s'en aller en faisant jouer la clause de mobilité interne : « Soit ils allaient bosser dans une autre équipe du groupe à Aix-en-Provence, soit ils quittaient la société. Autant dire que pour des parisiens, c'était une démission forcée... »
Voilà pour les employés, mais qu'en est-il des clients qui vont se casser le nez sur une boutique fermée au 1er janvier ? « Maintenant que les employés sont partis, il ne restait plus qu'à tuer la marque. Le catalogue étant intégré, ce que peuvent en penser les clients, ils s'en foutent royalement ». Est-il possible que les clients VirginMega.fr puissent avoir accès aux catalogues de contenus des autres boutiques de l'éditeur ? On l'ignore complètement.
En l'absence du point de vue de Digital Virgo, il reste difficile de se faire une idée objective sur la fermeture de VirginMega.fr. Néanmoins, le fait que l'éditeur ait fait la sourde oreille à nos demandes de commentaires en dit long sur l'intérêt qu'il porte sur la boutique en sursis.