Les mauvais résultats de Sharp sont tels que le PDG du groupe, Okuda Takashi, a dû être remplacé pour calmer le mécontentement des actionnaires. Il ne faut cependant pas s’attendre à des bouleversements extraordinaires, car le nouveau PDG est un homme du sérail : il s’agit du vice-président Takahashi Kozo, qui travaillait en étroite collaboration avec Okuda Takashi.
Ce dernier n’est donc resté en poste qu’une seule année, et a manifestement servi de fusible à la suite des pertes colossales de Sharp pour la seconde année consécutive (545,3 milliards de yens, soit environ 5 milliards d’euros). Le fabricant japonais a annoncé vouloir réduire ses frais fixes grâce à des économies et de nouveaux licenciements qui s’additionneront aux quelques milliers de départs déjà mis en place par le groupe ces derniers mois.
Il ne reste que quelques mois à Sharp pour sauver l’entreprise. En septembre, le groupe devra faire face au remboursement de créances importantes (200 milliards de yens, soit environ 1,5 milliard d’euros) qu’il a emprunté en 2012 à deux banques (Mizuho Corporate Bank et Tokyo Mitsubishi Bank) et qu’il ne peut honorer. Pour garantir ce prêt, Sharp a dû mettre en gage son siège et l’usine qui produit les écrans de l’iPad et de l’iPhone 5.
Apple aurait réduit ses commandes d’écrans Sharp en janvier, ce qui aurait gêné considérablement les comptes de l’entreprise. Bien que selon Thomson Reuters le fabricant japonais soit prêt à lancer en juin la production d’écrans pour un nouvel iPhone d’Apple, le manque de fonds propres l’aurait poussé à accepter un accord avec Samsung, l’ennemi numéro un de ces dernières années.
L’issue la plus probable serait que Sharp arrive à convaincre ses banques de remettre la main à la poche, mais pour cela, il faut leur donner l’impression que le groupe est désormais sur le chemin du retour aux profits. Le danger vient du risque que Samsung profite de cette collaboration pour s’approprier des informations stratégiques sur les joyaux de la couronne technologique de Sharp, la technologie IGZO. Officiellement, ce n’est pas un sujet d’inquiétude pour Sharp, qui fait de son mieux pour rassurer les banquiers et les convaincre que la situation du groupe va s’améliorer rapidement.
Le nouveau PDG de Sharp, Takahashi San, a ainsi déclaré aux journalistes que la « photocopieuse » de Samsung ne l’inquiétait pas…