Apple a retiré AppGratis de l'App Store. La petite application d'origine française faisait chaque jour la promotion d'une application devenue temporairement gratuite sur le Store.
Les éditeurs payaient AppGratis pour que celui-ci mette en avant leurs logiciels auprès des utilisateurs, avec la perspective de voir leur titre progresser d'un seul coup dans les classements de l'App Store. Puis, lorsqu'elle redevenait payante, de profiter pendant quelques jours de cette exposition.
AppGratis au Mobile World Congress 2013 de BarceloneLe 7 février, AppGratis fondé par Simon Dawlat, revendiquait 10 millions d'utilisateurs à travers les nombreux pays où son app était présente (il y aurait par exemple 2 millions d'utilisateurs aux États-Unis). Le service se vantait également auprès des éditeurs de générer 1 million d'installations quotidiennes. Cette activité qui a franchi les frontières de l'hexagone avait débouché en janvier dernier sur l'arrivée d'investisseurs au capital. Le fonds Iris Capital, composé d'Orange et de Publicis, avait injecté 10 millions d'euros pour prendre une part décrite comme très minoritaire. 50% du montant provenait de ces investisseurs et l'autre moitié sous la forme de dettes contractées auprès de banques. En 2012, AppGratis avait généré un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros et il en envisageait 22 à 25 millions pour 2013 du fait de son expansion à l'international. « AppGratis est le numéro un en Europe et a le potentiel pour devenir le leader mondial du secteur » déclarait Sophie Dingreville, associée chez Iris Capital, aux Échos en janvier. Un pronostic qui n'a peut-être pas suffisamment pris en compte l'actualité récente. Le retrait d'AppGratis, repéré hier par PocketGamer n'est pas une première. Le précédent avec AppShopper aurait pu servir de chiffon rouge. L'application adossée au site du même nom est sortie de force de l'App Store en décembre dernier. AppShopper propose des bons plans sur l'App Store en signalant les évolutions de prix. On ne sait pas exactement ce qui est reproché à AppGratis mais le scénario le plus probable est qu'Apple, dans un cas comme dans l'autre, applique sa clause 2.25 qui proscrit « Les apps qui affichent d'autres apps pour les vendre ou en faire la promotion d'une manière similaire ou pouvant être confondues avec l'App Store seront rejetées. » Du point de vue d'Apple - qui n'a jamais détaillé plus avant cette clause mais que l'on peut deviner - ces applications ont un caractère parasite. Elles brouillent les mises en avant qu'elle réalise elle-même sur l'App Store. Un AppShopper, AppGratis et les autres, en se substituant à ce rôle et fort d'une audience croissante, transforment alors l'application App Store en un simple couloir pour aller directement chercher l'application promue par leurs soins. En face les éditeurs de ces "guides" estiment qu'ils permettent à davantage encore de gens d'aller télécharger des apps sur le store, gratuites et payantes aussi. Lorsque cette clause avait été mise en place en octobre dernier, Simon Dawlat, malgré la menace potentielle pour son AppGratis, avait pris les choses avec un relatif optimisme. Il déclarait à PocketGamer « Mon impression est qu'Apple vise à la plus haute qualité possible - comme toujours » et d'y voir une volonté de trier le bon grain de l'ivraie dans la masse de ces applications qui font peu ou prou la même chose.
« Avec l'article 2,25, Apple tente sans doute d'empêcher l'App Store d'être spammé par un trop grand nombre d'applications de promotion d'apps. Mais pour nous, il a toujours été question de trier les applications de manière pointue. Nous avons maintenant 30 employés à temps plein basé à Paris [40 aujourd'hui, ndr], triant et examinant les meilleures applications gratuites pour plus de 4 millions d'utilisateurs en France. En définitive, nous sommes intrinsèquement un média, avec plus de 15 personnes qui examinent avec soin les applications et qui informent les utilisateurs d'une manière qui complète bien l'expérience utilisateur de l'App Store. »Une description qui mettait toutefois de côté le volet marketing et financier, lorsqu'un éditeur paye pour bénéficier plus que les autres de ce tri au profit de son app. Mais la décision est lourde de conséquences pour l'entreprise qui ne fonctionne qu'en direction de l'App Store. Le potentiel commercial étant certainement bien moindre du côté de Google où la gratuité est davantage de rigueur dans les apps. Sur les chances pour AppGratis de revenir sur l'App Store, on se gardera de tout pari. L'éditeur d'AppShopper de son côté n'a pas renoncé à remettre son app sur les rayons d'Apple. Depuis le début mars, Arnold Kim, propriétaire d'AppShopper (et des sites MacRumors et TouchArcade) explique sur Twitter qu'une nouvelle version d'AppShopper, plus susceptible de convenir à Apple, est prête, mais qu'elle est toujours quelque part en attente de validation.