Amazon a mis son contentieux avec Hachette sur la place publique. Le géant de la distribution bagarre depuis des mois contre la maison d'édition, sans que l'on connaisse précisément les termes de la négociation. L'entreprise utilise toutes les ficelles afin de détourner ses clients des livres Hachette : plus de précommande possible et des délais rallongés sont désormais le quotidien de ceux qui veulent lire les auteurs de la maison d'édition (lire : Livre numérique : Amazon joue à un jeu dangereux avec Hachette).
Après avoir tenté de jouer les auteurs contre leurs éditeurs en leur offrant 100% du prix de vente de leurs œuvres (c'est visiblement peine perdue), Amazon essaie cette fois de se mettre les consommateurs de son côté en levant un coin du voile sur les conditions que l'entreprise entend obtenir d'Hachette. Une manière pour la société de Jeff Bezos de ne plus passer pour le « méchant de service », une position qu'elle occupe depuis ses quelques réponses publiques particulièrement cassantes, notamment envers les auteurs frondeurs.
Alors que la rumeur annonçait qu'Amazon exigeait une rémunération de 50% sur le prix des livres, la société remet les pendules à l'heure : elle souhaite une commission de 30%. Sans préciser la part qu'il retire actuellement sur la vente de livres Hachette, Amazon écrit qu'en 2010, ces 30% lui ont été imposés par la maison d'édition « quand elle s'est entendue avec ses concurrents pour augmenter le prix des e-books. Nous n'avions aucun problème avec ces 30% — mais nous en avons un quand les prix augmentent ».
L'objectif suivi par Amazon dans cette bagarre est simple : le distributeur veut obtenir un prix de 9,99$ sur les livres numériques. La moyenne actuelle est de 14,99$ (cela peut aller jusqu'à 19,99$), un prix « injustifié » pour un e-book qui ne nécessite « aucune impression, pas de sur-impression, pas de prévision, aucun retour, aucune vente perdue en raison de rupture de stock, pas de stockage, pas de frais de transport, pas de marché de l'occasion — un e-book ne peut être revendu ». Pour Amazon, les ouvrages numériques devraient être moins cher.
Le meilleur argument d'Amazon dans cette rude négociation est que le livre est en concurrence avec d'autres contenus : « les jeux, la télévision, les films, Facebook, les blogs, l'actualité gratuite, et plus encore ». Avec un prix calé sous les 10$, tout le monde y gagnerait selon l'entreprise. Le client bien sûr, qui paierait moins cher ses e-books, mais aussi l'auteur qui profiterait des 16% de revenus supplémentaires tirés de ventes plus importantes (sur lesquels il tirerait 35% du prix), ainsi que la maison d'édition qui in fine, engrangerait des revenus plus substantiels. « À 9,99$, même si le consommateur paie moins cher, le gâteau est plus grand et il y a plus à partager pour toutes les parties ». Et Amazon en tirerait aussi profit…